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Erotica

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Littérature érotique

 

Le sexe et l’érotisme accompagnent la naissance de la littérature. Du Cantique des Cantiques au Kâmasûtra, du Banquet de Platon aux chants de Sappho, de L’Art d’aimer d’Ovide au Satyricon de Pétrone, des écrits libertins et blasphématoires du Divin Marquis à la philosophie transgressive et sacrilège de Georges Bataille, ces thèmes traversent les siècles et les civilisations.

La sexualité et ses manifestations directes ou indirectes, des représentations de l’acte sexuel aux signes du désir en passant par les symboliques de l’amour, font en effet partie intégrante de la littérature et ne sont pas confinées à un genre spécifiquement « érotique » ou « pornographique », aux frontières d’ailleurs floues et discutées.

Des nombreuses conquêtes de Dom Juan à L’Amour fou d’André Breton, des Confessions de Jean-Jacques Rousseau sur ses premiers émois sexuels aux Femmes damnées de Charles Baudelaire, la sexualité s’immisce entre les pages des œuvres littéraires sans distinction de genre : essai, théâtre, roman, poésie, etc.
Wikipédia.


Adam und Eva, HolzschnittinitialeFélicien Rops: Diaboliques
Adam & Eva, Initale, 16. Jh.   Jules Barbey d’Aurevilly: Diaboliques. Frontispice de Félicien Rops.


C’est d’une autre sorte de livres dangereux qu’il s’agit ici. Précisément, des érotiques. D’ailleurs, pourquoi les appelle-t-on dangereux? Voilà qui est au moins imprudent. Voilà qui semble fait, tant nous nous sentons communément de courage, pour donner envie de les lire et nous exposer au péril.
— Pauline Réage: Histoire d’O. Avec une préface de Jean Paulhan : Le bonheur dans l’esclavage. Sceaux: Jean-Jacques Pauvert, 1954. p. iii.

Hier handelt es sich um eine andere Art von gefährlichem Buch, genau gesagt, um ein Erotikum. Übrigens, warum nennt man diese Bücher gefährlich? Das ist zumindest unklug. Als hätte man es — wir alle fühlen uns ja gemeinhin recht mutig — geradezu darauf angelegt, daß wir sie lesen und uns so der Gefahr aussetzen.
— Übersetzt von Simon Saint Honoré. Darmstadt: Melzer, 1967, p. 9.

Pauline Réage: Geschichte der O. Bestellzettel


Tu connais nos arts, je ne t’en parlerai plus; nos sciences se réduisent également à bien peu de chose; cependant tous savent lire et écrire; ce fut un des soins de mon père, et comme un grand nombre d’entr’eux entendent et parlent le français, j’ai rapporté cinquante mille volumes, bien plus pour leur amusement que pour leur instruction; je les ai dispersés dans chaque ville et en ai formé des petites bibliothèques publiques, qu’ils fréquentent avec plaisir lorsque leurs occupations rurales leur en laissent le tems. Ils ont quelques connaissances d’astronomie, que j’ai rectifiées, quelques autres de médecine pratique, assez sûres pour l’usage de la vie, et que j’ai améliorées d’après les plus grands auteurs; ils connaissent l’architecture; ils ont de bons principes de maçonnerie, quelques idées de tactique, et de meilleures encore sur l’art de construire leurs bâtimens de mer. Quelques-uns parmi eux s’amusent à la poésie en langue du pays, et si tu l’entendais, tu y trouverais de la douceur, de l’agrément et de l’expression. A l’égard de la théologie et du droit, ils n’en ont, grâces au Ciel, aucune connaissance. Ce ne sera jamais que si l’envie me prend de les détruire, que je leur ouvrirai ce dédale d’erreurs, de platitudes et d’inutilités.
— D. A. F. de Sade: Aline et Valcour, ou le roman philosophique. Tome II, quatrième partie.


On n’a pas d’idée de ce que nous y trouvâmes d’estampes et de livres obscènes: le premier que nous apperçûmes, fut le Portier des Chartreux, production plus polissonne que libertine, et qui, néanmoins, malgré la candeur et la bonne-foi qui y règne, donna, dit-on, au lit de la mort, des repentirs à son auteur ... Quelle sottise! l’homme capable de se repentir en ce moment de ce qu’il osa dire ou écrire pendant sa vie, n’est qu’un lâche, dont la postérité doit flétrir la mémoire.

Le second, fut l’Académie des Dames, ouvrage dont le plan est bon, mais l’exécution mauvaise; fait par un homme timide, qui avait l’air de sentir la vérité, mais qui n’osait la dire, et d’ailleurs, plein de bavardage.

L’Education de Laure, fut le troisième: autre production manquée net, par de fausses considérations. Si l’auteur eût prononcé l’uxoricide, qu’il laisse soupçonner, et l’inceste, autour duquel il tourne sans cesse, en ne l’avouant jamais; s’il eût multiplié davantage les scènes luxurieuses... mis en action les goûts cruels dont il ne fait que donner l’idée dans sa préface, l’ouvrage, plein d’imagination, devenait délicieux: mais les trembleurs me désesperent, et j’aimerais cent fois mieux qu’ils n’écrivissent rien que de nous donner des moitiés d’idées.

Thérèse Philosophe figurait; ouvrage charmant du marquis d’Argens, le seul qui ait montré le but, sans néanmoins l’atteindre tout-à-fait, l’unique qui ait agréablement lié la luxure à l’impiété, et qui, bientôt rendu au public ; tel que l’auteur l’avait primitivement conçu, donnera enfñ l’idée d’un livre immoral.

Le reste était de ces misérables petites brochures, faites dans des cafés, ou dans des bordels, et qui prouvent à-la-fois deux vuides dans leurs mesquins auteurs, celui de l’esprit et celui de l’estomac; la luxure, fille de l’opulence et de la supériorité, ne peut être traitée que par des gens d’une certaine trempe... que par des individus enfin, qui, caressés d’abord par la nature, le soient assez bien ensuite par la fortune, pour avoir eux-mêmes essayé ce que nous trace leur pinceau luxurieux; or, cela devient parfaitement impossible aux polissons qui nous inondent des méprisables brochures dont je parle, parmi lesquelles je n’excepte pas même celles de Mirabeau, qui voulût être libertin, pour être quelque chose; et qui n’est et ne sera pourtant rien toute sa vie.
— D. A. F. de Sade: La nouvelle Justine, ou les malheurs de la vertu; suivie de l'histoire de Juliette, sa sœur. Tome VI. En Hollande, 1797. pp. 96-98.

 

Guido CrepaxBeigabe zu Guido Crepax - Leopold von Sacher-Masoch: Venus im Pelz. Edition Erotik, 1992.
Vierfarbige, signierte Serigraphie.