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Denis Diderot: La réligieuse

Diderot: La réligieuse

Vorzugsausgabe auf „Papier Impérial du Japon“

Denis Diderot:

La réligieuse. Texte intégral publié avec une préface et des notes par M. Maurice Tourneux et illustré de compositions originales à l’eau-forte par M. Martin van Maele. En-têtes et ornements gravés sur bois par M. Eugène Dété.

Paris: Imprimerie Kapp für J. Chevrel, 1916.

Groß-octavo. ca. 234 × 151 mm. [3], [1 weiße], IX, [1 weiße], 311, [4], [5 weiße] Seiten. Mit zehn handkolorierten Radierungen von Martin van Maele mit als Extrasuite beigegebenen je zwei Zuständen in schwarz-weiß; zwei Holzstichvignetten von Eugène Dété zu Textbeginn und -ende, jeweils mit separat beigegebenem Zustand.

Späterer handgefertigter Meistereinband (242 × 168 × 61 mm) aus nußbraunem Maroquin, der glatte, leicht gerundete Rücken mit blindgeprägtem Titel in Versalien. oben kleiner waagrecht der Verfassername; zu den Deckeln hin mit einer blindgeprägten Linie abgesetzt. Die Deckel mit dreimal zwei senkrechten, parallel verlaufenden blindgeprägten Linien, dazwischen sanft nach innen gewölbte breite Rinnen. Stehkantenverzierung aus gold- und blindgeprägten Linien, Innenkantenverzierung ebenfalls aus gold- und blindgeprägten Linien. Spiegel und doppelte Vorsätze aus mattrotgrundigem Marmorpapier. Originalumschläge vorn und hinten beigebunden. Kopfgoldschnitt, vorn und unten unbeschnitten; handgestochene zweifarbige, mittelsymmetrische Kapitale. Signiert auf zweitem fliegenden Vorsatz vorn oben „Effer“. Originaler, angepaßter Schuber mit Lederkanten, bezogen mit wolkigem Marmorpapier (249 × 171 × 71 mm).

№ 20 von zwanzig in der Presse numerierten Exemplaren der Vorzugsausgabe (A) auf „Papier Impérial du Japon“ mit allen zehn Originalradierung in drei Zuständen, von denen jeweils der erste von Hand koloriert ist; Vorzugsausgabe (B, 30 Exx.) auf Japan enthält nur je zwei Zustände, die Normalausgabe einen; Gesamtauflage: 250 Exemplare.
 Martin van Maële (i. e. Maurice François Alfred Martin, 12. Oktober 1863 - 5. September 1926), ein vor allem für sein erotisches Werk bekannter französischer Zeichner und Illustrator, arbeitete in Brüssel und Paris.

Erste Ausgabe mit diesen Illustationen. Monod 3793.

 

Ein Einband mit fast weiblichen Rundungen, die blindgeprägte Schrift auf dem Rücken findet ihre stlistischen Vorläufer Anfang des 20. Jh.

 

L’avertissement de l’édition de 1798

Les lettres suivantes ne se trouvent point dans le manuscrit autographe de la Religieuse; et je les aurais certainement retranchées, si j’avais été le premier éditeur de ce roman. Il m’a toujours semblé que cette espèce de canevas, sur lequel l’imagination vive et brillante de Diderot a brodé avec beaucoup d’art, et souvent avec un goût exquis, cet ouvrage si intéressant, devait disparaître entièrement sous l’ingénieux tissu auquel il sert de fond, et ne laisser voir que ce résultat important. S’il est vrai, comme on n’en peut douter, que dans tous nos plaisirs, même les plus délicieux et les plus substantiels, si j’ose m’exprimer ainsi, il entre toujours un peu d’illusion, s’ils se prolongent et s’accroissent même pour nous, en raison de la force et de la durée de ce prestige enchanteur; en nous l’ôtant, on détruit en nous une source féconde de jouissances diverses, et peut-être même une des causes les plus actives de notre bonheur: il en est de nous, à cet égard, comme de ce fou d’Argos, que ses amis rendirent malheureux, en le guérissant de sa folie. Il y a tant de points de vue divers, sous lesquels on peut considérer le même objet! et les hommes, en général, sont si diversement affectés des mêmes choses et souvent des mêmes mots, que ces lettres n’ont pas produit sur quelques lecteurs l’impression que j’en ai reçue. Cette différente manière de sentir et de voir ne m’a point étonné: j’en ai seulement conclu que mon premier jugement, ainsi que cela est toujours nécessaire pour éviter l’erreur, devait être soumis à une nouvelle révision. J’ai donc relu ces lettres de suite, afin d’en mieux prendre l’esprit, et d’en voir, pour ainsi dire, tout l’effet d’un coup d’oeil: et je persiste à croire que, lues avant ou après le drame dont elles sont la fable, elles en affaiblissent également l’intérêt, et lui font perdre ce caractère de vérité si difficile à saisir dans tous les arts d’imitation, et qui distingue particulièrement cet ouvrage de Diderot. Quoique, dans toutes les matières qui sont l’objet des connaissances humaines, le raisonnement, l’observation, l’expérience ou le calcul doivent seuls être consultés; quoique les autorités, quelle qu’en soit la source, soient en général assez insignifiantes aux yeux du philosophe, et doivent être employées dans tous les cas avec autant de sobriété que de circonspection et de choix, je dirai néanmoins que le suffrage de Diderot semble devoir être ici de quelque poids; on doit naturellement supposer que le parti auquel il s’est enfin arrêté, lui a paru en dernière analyse le plus propre à produire un grand effet: or, il a supprimé ces lettres, comme après la construction d’un édifice on détruit l’échafaud qui a servi à relever. Elles ne font point partie du manuscrit de la Religieuse, qu’il m’a remis plusieurs mois avant sa mort, quoique ce manuscrit, qui a servi de copie pour la collection générale de ses oeuvres, soit d’ailleurs chargé d’un grand nombre de corrections, et de deux additions très-importantes qui ne se trouvent point dans la première édition.

Je sais que le commun des lecteurs (et à cet égard, comme à beaucoup d’autres, le public est plus ou moins peuple) veut avoir indistinctement tout ce qu’un auteur célèbre a écrit; ce qui est presque aussi ridicule que de vouloir savoir tout ce qu’il a fait et tout ce qu’il a dit dans le cours de sa vie; mais il faut avouer aussi que la cupidité et le mauvais goût des éditeurs n’ont pas peu contribué à corrompre, à cet égard, l’esprit public. On a dit d’eux qu’ils vivaient des sottises des morts; et cela n’est que trop vrai. Manquant, en général, de cette espèce de tact et d’instinct qui fait découvrir une belle page, une belle ligne partout où elle se trouve; plus occupés surtout de grossir le nombre des volumes que du soin de la gloire de celui dont ils publient les ouvrages, ils recueillent avidement et avec le même respect tout ce qu’il a produit de bon, de médiocre et de mauvais; ils enlèvent en même temps, pour me servir de l’expression de l’ancien poëte, la paille, la balle, la poussière et le grain; rem auferunt cum pulvisculo. Voltaire, qui aperçoit, qui saisit d’un coup d’oeil si juste et si prompt le côté ridicule des personnes et des choses; Voltaire, qui a l’art si difficile et si rare de dire tout avec grâce, compare finement la manie des éditeurs à celle des sacristains. « Tous, dit-il, rassemblent des guenilles qu’ils veulent faire révérer. Mais on ne doit imprimer d’un auteur que ce qu’il a écrit de digne d’être lu. Avec cette règle honnête il y aurait moins de livres et plus de goût dans le public. » Convaincu depuis longtemps de la vérité de cette observation, je n’ai pu voir sans peine qu’on imprimât la Religieuse et Jacques le Fataliste avec tous les défauts qui les déparent plus ou moins aux yeux des lecteurs d’un goût sévère et délicat. Un éditeur qui, sans avoir connu personnellement Diderot, n’aurait eu pour chérir, pour respecter sa mémoire, d’autres motifs que les progrès qu’il a fait faire à la raison, à l’esprit philosophique, et la forte impulsion qu’il a donnée à son siècle; en un mot, un éditeur tel qu’Horace nous peint un excellent critique, et tel que Diderot même le désirait, parce qu’il en sentait vivement le besoin, aurait réduit Jacques le Fataliste à cent pages, ou peut-être même il ne l’eût jamais publié. Mon dessein n’est point d’anticiper ici sur le jugement que j’ai porté ailleurs de ces deux contes de Diderot, et en général de tous ses manuscrits; je dirai seulement que Jacques le Fataliste est un de ceux où il y avait le plus à élaguer, ou plutôt à abattre. Il n’en fallait conserver que l’épisode de madame de La Pommeraye, qui seul aurait fait un conte charmant, du plus grand intérêt, et d’un but très-moral. Ce n’est pas que dans ce même roman, dont Jacques est le héros, on ne trouve ça et là des réflexions très-fines, souvent profondes, telles enfin qu’on les peut attendre d’un esprit ferme, étendu, hardi, et qui sait généraliser ses idées. Mais ces réflexions si philosophiques, placées dans la bouche d’un valet, tel qu’il n’en exista jamais; amenées d’ailleurs peu naturellement, et n’étant point liées à un sujet grave, dont toutes les parties fortement enchaînées entre elles s’éclaircissent, se fortifient réciproquement, et forment un tout, un système UN, n’ont fait aucune sensation. Ce sont quelques paillettes d’or éparses, enfouies dans un fumier où personne assurément ne sera tenté de les chercher; et, par cela même, des idées isolées, stériles et perdues.