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Histoire d’O par Pauline Réage avec une préface de Jean Paulhan

Pauline Réage Histoire d’O

Histoire d’O par Pauline Réage avec une préface de Jean Paulhan

Un roman mystique

Anne Cécile Desclos — (Pseud.:) Pauline Réage:

Histoire d’O par Pauline Réage avec une préface de Jean Paulhan.

Paris: à Sceaux chez Jean-Jacques Pauvert, 1954.

Octavo. ca. 186 × 118 mm. [4 weiße], [4], XX, [2], 242, [7], [1 weiße] Seiten. Titel in rot und schwarz.

Moderner dunkelroter Maroquinband mit goldgeprägtem ‚O‘ auf Rücken und Vorderdeckel, handgestochene hellrote Seidenkapitale, die bedruckten gelben Originalumschläge beigebunden, unbeschnitten.

„Le second tirage de l’Histoire d’O comprend mille exemplaires sur papier vergé.“ Eins von nur 1000 in der Druckpresse numerierten Exemplaren der zweiten Auflage; alle 600 Exemplare der ersten Auflage waren nicht für den Handel bestimmt.
 
⸿« Que c’est de lui, et de lui seul qu’elle dépendait, même si elle recevait des ordres d’autres que lui, qu’il fût présent ou absent, car il participait par principe à n’importe quoi qu’on pût exiger d’elle ou lui infliger, et que c’était lui qui la possédait et jouissait d’elle à travers ceux aux mains de qui elle était remise, du seul fait qu’il la leur avait remise. Elle devait leur être soumise et les accueillir avec le même respect avec lequel elle l’accueillait, comme autant d’images de lui. II la posséderait ainsi comme un dieu possède ses créatures, dont il s’empare sous le masque d’un monstre ou d’un oiseau, de l’esprit invisible ou de l’extase. »
— p. 39.
 
⸿« Tu es libre, maintenant, O, dit Anne-Marie. On peut t’enlever tes fers, le collier, les bracelets, effacer la marque. Tu as des diamants, tu peux retourner chez toi. » O ne pleurait pas, elle ne se plaignait pas. Elle ne répondit pas à Anne-Marie. « Mais si tu veux, dit encore Anne-Marie, tu peux rester. »
Retour à Roissy, fin.
 
⸿Story of O confronts us boldly with the idea that people often submit not merely out of fear, but in complicity with their own deepest desires. Told from the point of view of the woman who submits, and representing, as it does, the fantasy life of a gifted woman writer, the story compels the reader to accept the authenticity of the désire for submission. But the narrative also makes clear that the désire for submission represents a peculiar transposition of the désire for récognition.”
— Jessica Benjamin: The Bonds of Love. Psychoanalysis, Feminism, and the Problem of Domination. New York: Pantheon Books, 1988, p. 55-56.

Includes a preface by Jean Paulhan. It was later learned that Dominique Aury, who died in 1998, penned the erotic best-selling novel under the pseudonym Pauline Reage as a way to hide she was Paulhan’s lover and secretary. Though controversial, it is nevertheless regarded as a masterpiece of erotic fiction.

Zweite Auflage.

 

Die deutsche Übersetzung

Pauline Réage:
Geschichte der O mit einem Vorwort von Jean Paulhan von der Academie Française.
Darmstadt: Joseph Melzer, 1967.
Oktavo. 260, [1], [3]w. Ss.
Roter Original-Leinwandband mit gelbem, bedrucktem Rückenschildchen. Mehrfarbiger Originalumschlag.

Übersetzt von Simon Saint Honoré.
Pauline Réage: Geschichte der O. Bestellzettel

„Die Widersprüchlichkeit der geschlagenen Frau, auf der einen Seite Schmerz, auf der anderen Seite Lust, werden immer zugunsten ihrer eigenen Triebhaftigkeit gelöst, die durch sadomasochistische Praktiken befriedigt wird. Das hier skizzierte Frauenbild entspricht in keiner Weise dem sexuellen Empfinden von Frauen, es entspringt vielmehr der männlichen Phantasiewelt, auch wenn der Autor eine Frau sein soll.“
— Indizierungsbeschluß der Bundesprüfstelle für jugendgefährdende Medien vom 11. Juni 1983.

 

Jean Paulhan

Du bonheur dans l’esclavage.
Une révolte à la Barbade
Das Glück in der Sklaverei.
Ein Aufstand auf Barbados

 

Une singulière révolte ensanglanta, dans le courant de l’année mil huit cent trente-huit, l’île paisible de la Barbade. Deux cent Noirs environ, tant hommes que femmes et tous récemment promus à la liberté par les Ordonnances de mars, vinrent un matin prier leur ancien maître, un certain Glenelg, de les reprendre à titre d’esclaves. Lecture fut donnée du cahier de doléances, rédigé par un pasteur anabaptiste, qu’ils portaient avec eux. Puis la discussion s’engagea. Mais Glenelg, soit timidité, scrupules, simple crainte des lois, refusa de se laisser convaincre. Sur quoi il fut d’abord gentiment bousculé, puis massacré avec sa famille par les Noirs qui reprirent le soir même leurs cases, leurs palabres et leurs travaux et rites accoutumés. L’affaire put être assez vite étouffée par les soins du Gouverneur Mac Gregor, et la Libération suivit son cours. Quant au cahier de doléances, il n’a jamais été retrouvé. Je songe parfois à ce cahier. Il est vraisemblable qu’il contenait, à côté de justes plaintes touchant l’organisation des maisons de travail (workhouse), la substitution de lacellule au fouet, et l’interdiction faite aux «apprentis» – ainsi nommait-on les nouveaux travailleurs libres – de tomber malades, l’esquisse au moins d’une apologie de l’esclavage. La remarque, par exemple, que les seules libertés auxquelles nous soyonssensibles sont celles qui viennent jeter autruidans une servitude équivalente. Il n’est pas unhomme qui se réjouisse de respirer librement.Mais si j’obtiens, par exemple, de jouergaiement du banjo jusqu’à deux heures dumatin, mon voisin perd la liberté de ne pas m’entendre jouer du banjo jusqu’à deux heures du matin. Si je parviens à ne rien faire, mon voisin doit travailler pour deux. Et l’on sait d’ailleurs qu’une passion inconditionnelle pour la liberté dans le monde ne manque pas d’entraîner assez vite des conflits et des guerres, non moins inconditionnelles. Ajoutez que l’esclave étant destiné, par les soins de la Dialectique, à devenir maître à son tour, l’on aurait tort sans doute de vouloir précipiter les lois de la nature. Ajoutez enfin qu’il n’est passans grandeur, il ne va pas non plus sans joie, de s’abandonner à la volonté d’autrui (comme il arrive aux amoureux et aux mystiques) et sevoir, enfin! débarrassé de ses plaisirs, intérêtset complexes personnels. Bref, ce petit cahier ferait aujourd’hui, mieux encore qu’il y a cent vingt ans, figure d’hérésie: de livre dangereux. C’est d’une autre sorte de livres dangereux qu’il s’agit ici. Précisément, des érotiques. (...)

Mais il n’est pas une femme qui ne cherche à changer l’homme qu’elle aime, et se changer du même coup. Comme si le proverbe mentait, et qu’il suffit de tout comprendre pour ne rien pardonner du tout. Non, Pauline Réage ne se pardonne pas grand-chose. Et même je me demande, pourtout dire, si elle n’exagère pas un peu; si les femmes ses pareilles lui sont bien aussi pareilles qu’elle suppose. Mais c’est ce que plus d’un homme lui accorde trop volontiers. Faut-il regretter le cahier des esclaves de la Barbade? Je crains, à dire vrai, que l’excellent anabaptiste qui l’a rédigé ne l’ait pétri, dans la partie apologétique, de lieux communs assez plats: par exemple, qu’il y aura toujours des esclaves (c’est en tout cas ce qu’on voit); que ce seront toujours les mêmes (voilà qui peut se discuter); qu’il faut se résigner à son état et ne pas gâcher en récriminations un temps qui pourrait être donné aux jeux, à la méditation, aux plaisirs de l’habitude. Et le reste. Mais je suppose qu’il n’a pas dit la vérité: c’est que les esclaves de Glenelg étaient amoureux de leur maître, c’est qu’ils ne pouvaient se passer de lui, ni de leur esclavage. La même vérité, après tout, d’où vient à l’Histoire d’O sa décision, son inconcevable décence et ce grand vent fanatique qui n’arrête pas de souffler.
— pp. I-III, XIX-XX.

Ein seltsamer Aufstand forderte im Lauf des Jahres 1838 auf der friedlichen Insel Barbados blutige Opfer. Etwa zweihundert Schwarze, Männer und Frauen, sämtlich durch die März-Erlasse in Freiheit gesetzt, suchten eines Morgens ihren früheren Herrn auf, einen gewissen Glenelg, und baten ihn, sie wieder als Sklaven anzunehmen. Eine Klageschrift, verfaßt von einem Anabaptisten-Pastor, wurde vorgelegt und verlesen. Dann begann die Diskussion. Aber Glenelg wollte sich, aus Zaghaftigkeit, Unsicherheit oder einfach aus Furcht vor dem Gesetz, nicht überzeugen lassen. Worauf die Schwarzen ihm zunächst gütlich zusetzten, ihn dann mit seiner ganzen Familie massakrierten, und noch am gleichen Abend wieder in ihre Hütten zogen, ihre Palaver und gewohnten Arbeiten und Riten wieder aufnahmen. Die ganze Sache konnte durch das Eingreifen des Gouverneurs MacGregor schnell unterdrückt werden, und die Befreiung nahm ihren Fortgang. Die Klageschrift übrigens wurde nie aufgefunden. Ich denke manchmal an diese Schrift. Wahrscheinlich enthielt sie, neben berechtigten Einwänden gegen die Organisation der Arbeitshäuser (workhouses), die Ablösung der Prügelstrafe durch die Gefängnisstrafe, und das Krankheitsverbot für „Lehrlinge“ — so nannte man die neuen, freien Arbeiter — zumindest in Umrissen eine Rechtfertigung der Sklaverei. Zum Beispiel die Bemerkung, daß wir nur für die Freiheiten empfänglich sind, die andere Menschen in eine entsprechende Knechtschaft werfen. Es gibt niemanden, der sich nicht freuen würde, frei zu atmen. Doch wenn ich mir zum Beispiel die Freiheit nehme, bis zwei Uhr morgens lustig Banjo zu spielen, so verliert mein Nachbar die Freiheit, mich nicht bis zwei Uhr morgens Banjo spielen zu hören. Wenn ich es fertigbringe, nichts zu tun, so muß mein Nachbar für zwei arbeiten. Zudem ist bekannt, daß totaler Freiheitsdrang unweigerlich schon bald nicht minder totale Konflikte und Kriege nach sich zieht. Dazu kommt noch, daß, kraft der Dialektik, der Sklave sowieso einmal zum Herrn wird, es wäre falsch, diese naturgesetzliche Entwicklung forcieren zu wollen. Ferner: sich ganz dem Willen eines anderen ergeben (wie dies Liebende und Mystiker tun), ermangelt nicht der Größe und schafft seine eigenen Freuden, so die Freude, sich — endlich! — befreit zu wissen von den eigenen Neigungen, Interessen und Komplexen. Kurz, diese kleine Schrift würde heute, mehr noch als vor hundert Jahren, als Häresie gelten: als gefährliches Buch. Hier handelt es sich um eine andere Art von gefährlichem Buch, genau gesagt, um ein Erotikum. (...)

Aber es gibt keine Frau, die nicht versuchte, den Mann, den sie liebt, zu ändern, und sich damit. Als löge das Sprichwort, als genüge es, alles zu verstehen, um gar nichts zu verzeihen. Nein, Pauline Réage verzeiht sich so gut wie nichts. Und ich frage mich sogar, ob sie nicht ein klein wenig übertreibt; ob ihresgleichen, die Frauen, ihr wirklich so gleichen, wie sie annimmt. Aber mehr als ein Mann wird wohl zu gern mit ihr einer Meinung sein. Muß man bedauern, daß die Klageschrift verlorenging? Ich fürchte, ehrlich gesagt, daß der ehrenwerte Anabaptist, der sie verfaßte, diese Schrift in ihrem apologetischen Teil mit ziemlich abgedroschenen Gemeinplätzen spickte: zum Beispiel, daß es immer Sklaven geben werde (was stimmt); daß es immer die gleichen sein würden (worüber sich streiten läßt); daß man sich mit seinem Stand abfinden und eine Zeit, die man dem Spiel, der Meditation und den üblichen Vergnügungen widmen könnte, nicht mit Klagen vertun solle. Aber ich glaube, er hat nicht die Wahrheit gesagt, nämlich, daß Glenelgs Sklaven in ihren Herrn verliebt waren, daß sie ohne ihn nicht leben konnten. Im Grunde die gleiche Wahrheit, die uns in der Geschichte der O die Bündigkeit und den unfaßbaren Anstand spüren läßt, den fanatischen Sturmwind, der dauernd bläst.
— pp. 7-9, 25-26,

 

Muriel Walker

C’est d’une écriture de la plus haute qualité qu’il s’agit dans Histoire d’O, un récit qui « nous montre finalement qu’il y a un esclavage du texte et s’applique à en dévoiler les secrets, à en mettre au jour les limites, à en sonder les possibilités transgressives ». En étudiant la structure narrative de ce récit, je tenterai d’en soulever, sinon d’en dévoiler les ambiguïtés, de montrer que la forme même de la narration en reflète le contenu, et de prouver qu’Histoire d’O est une chair littéraire plus délicate que ne le perçoit en général l’opinion publique ou académique. Ceci a par ailleurs été démontré par Gaétan Brulotte qui déclare au début de son analyse que « l’auteur a donc écrit ce texte pour "plaire" et non pour provoquer ou repousser. Ce récit utilise ainsi un nombre plus considérable de ruses rhétoriques qu’un texte pornographique courant ne le fait. »

En effet, le texte se présente comme un système de signes que Brulotte a partiellement décodé, mais que beaucoup de critiques ont, il me semble, mal interprété. Pour commencer, la préface de Jean Paulhan, malgré toute son admiration pour le texte, lui attire, par certains de ses propos, des attaques qui, en réalité, ne sont pas justifiées. (...)

Et ce désir est féminin, quoiqu’en pensent ses détracteurs et détractrices. Histoire d’O n’est pas un livre qui énonce des arguments faciles, mais au contraire qui pose des questions complexes sur les relations entre hommes et femmes, d’une part, et sur l’écriture (en particulier l’écriture féminine), d’autre part, et leurs réponses ne sauraient se limiter à un simple rapport de sadomasochisme. Histoire d’O est peut-être l’un des plus grands romans écrits par une femme. (...)

Dans le cas d’Histoire d’O, la narration étant hétérodiégétique, le narrateur est une instance narrative anonyme qui ne participe pas à l’action romanesque, mais qui assume la fonction de régie, ou de contrôle, qui est capable de citer le discours des acteurs alors que l’inverse est impossible, et qui est de plus admissible à l’omniscience. Il est donc clair que ce narrateur n’est pas une personne mais une sorte de voix, de couleur de la narration, qui influence le lecteur de telle façon que celui-ci imaginera un visage pour cette voix. (...)

Ce narrateur qui est à la fois sujet de l’énoncé et sujet d’énonciation, mais qui ne participe pas directement à l’action du récit, et qui n’est donc pas un acteur, ne peut être qu’un narrateur auctoriel qui se permet des réflexions personnelles. Par exemple, il « sai[t] qu’elles [les compagnes d’O] ont défait les mains d’O », il se permet de donner une opinion, une évaluation personnelle du corset que l’on fait revêtir à O comme s’il l’avait essayé lui-même : « l’étrange est que cette armature était très confortable ». On pourrait alors penser à la focalisation interne et y voir O en narratrice actorielle, mais ce qui suit le contredit : « On s’y tenait bien droite ». Si la narration se focalisait sur le point de vue d’O, on aurait alors le discours indirect libre qui donnerait : « O s’y tenait bien droite ». Remarquons que la ressemblance entre O et On, ici presque homographique et homophonique, ajoute à la confusion. Mais l’instance narrative est auctorielle, et la confusion, le trouble certain que l’on ressent devant une telle narration, vient de sa profonde subjectivité qui fait que le lecteur, en entendant la voix auctorielle, ne peut s’empêcher de lui prêter un visage. (...)

Ainsi, dans ce désir d’être reconnues, la voix, la conscience, la personnalité d’O percent le roman, le dominent du début à la fin, mais ceci, bien que perçu de la même façon, ne donne pas une même interprétation. Ce n’est pas parce que son narrateur est omniscient et parle à la place de ses acteurs qu’Histoire d’O est différent des autres romans hétérodiégétiques, mais il surprend, et même choque, car le centre d’orientation principal et presque toujours unique de sa narration, quand elle est actorielle, est celui du personnage que la majorité des lecteurs percevront comme le plus aliéné et le moins capable de s’exprimer. En réalité, comme le fait remarquer Brigitte Purkhardt « la dépersonnalisation et l’individuation d’O s’enchevêtrent à l’avenant. Et si on y regarde de plus près, la première s’accomplit pour que la seconde se réalise. » (...)

Il est clair ici qu’O souhaite faire souffrir à son tour, torturer, dominer Jacqueline et lui faire ravaler sa fierté de beauté inaccessible. O qui, lorsqu’elle fut désignée à son tour par Anne-Marie pour fouetter une autre fille, « avait été saisie par un terrible plaisir, si aigu qu’elle se sentait rire de joie malgré elle, et devait se faire violence pour ralentir ses coups et ne pas frapper à toute volée ». O, à l’instar de la chouette dont elle porte le masque à la fin du roman, est tout autant proie et prédatrice, et il serait faux de la réduire à un archétype triste et sordide du sado-masochisme, qui n’est, par ailleurs, pas un terme satisfaisant pour exprimer l’œuvre de Pauline Réage.
— Muriel Walker: Pour une lecture narratologique d’Histoire d’O. Études littéraires, 33(1), 2001, pp. 149–168.

 

Hans Bellmer

Hans Bellmer

Vignette auf dem Titel von ca. 200 Exemplaren der limitierten Erstausgabe, entworfen und gedruckt von Hans Bellmer.

 

Leonor Fini

Leonor Fini Leonor Fini

Pauline Réage:
Histoire d’O. Illustré par Leonor Fini.
Paris: Société Nouvelle des Éditions Jean-Jacques Pauvert, 1975.
Rote Original-Pappkassette mit losen, gefalteten Quarto-Textbögen.

Eins von nur 762 numerierten Exx., mit 16 ganzseitigen Illustrationen von Leonor Fini sowie einer numerierten und signierten Original-Lithographie. Gesamtauflage 800 Exx.

 

Guido Crepax

Guido Crepax Guido Crepax

Guido Crepax:
Histoire d’O dessiné par Guido Crepax..
Paris: Collection Les chefs-d’œuvre de l’érotisme en bande dessinée, Livre-Essoir, 1975.
Quarto. 289 × 233 mm. 168 Ss.
Schwarz-weiß-rot illustrierter Original-Pappband.

« Théologie du spasme, prédication éparse dans des rubans de “clichés”. Ces “clichés” sont au service de la disproportion. La pupille, l’ongle et le poil sont énormes dans le lilliput des foules et des meubles. Tout s’inverse et bascule comme dans nos vieilles devinettes; mais, dans les vrilles du graphisme, impossible de trouver ni biche ni chasseur. »
— Préface de Marie-José Baudinet.

 

André Pieyre de Mandiargues: Les fers, le feu, la nuit de l’âme

Confronté avec ceux-là ou d’autres plus récents, dont le but, avoué ou non, n’est pas douteux, puisque de l’intrigue au langage tout y concourt à des fins voluptueuses, l’Histoire d’O n’est pas à proprement parler un livre érotique. En effet, des deux plans sur lesquels il est construit, celui de l’esprit (ou mieux : de l’âme) domine impitoyablement celui de la chair. L’image que quatre longs chapitres (un cinquième ultime aurait, dit-on, été supprimé) donnent du monde moderne, l’action, les caractères, sont extraordinairement vifs ; surtout ils ne dépendent pas du feu sensuel, comme ils feraient dans un livre érotique. Il s’agit, en l’occurrence, d’un roman véritable (la chose est tellement rare dans les lettres françaises, depuis Proust, qu’il faut bien applaudir en rangeant Pauline Réage parmi les deux ou trois romanciers qu’aujourd’hui l’on sache), et l’on dirait volontiers que c’est un roman mystique.
Critique, mai 1955.

 

George Bataille: Le Paradoxe de l’Érotisme

Un roman aussi admiré qu’Histoire d’O, par un côté semblable à la littérature de répétition, en diffère néanmoins dans la mesure où, magnifiant l’érotisme, il en est néanmoins l’accablement. Il n’en est pas l’accablement si le langage en lui ne peut prévaloir sur un profond silence qui est comme la trahison de Îa mort, la trahison dernière que la mort est risiblement. L’érotisme d’Histoire d’O est aussi l’impossibilité de l’érotisme. L’accord donné à l’érotisme est aussi un accord donné à l’impossible, que dis-je, il est fait du désir de l’impossible. Le paradoxe d’O est celui de la visionnaire qui mourait de ne pas mourir, c’est le martyre où le bourreau est le complice de la victime. Ce livre est le dépassement de la parole qui est en lui, dans la mesure où, à lui seul, il se déchire, où il résout la fascination de l’érotisme dans la fascination plus grande de l’impossible. De l’impossible qui n’est pas seulement celui de la mort, mais celui d’une solitude qui se ferme absolument.

Cette littérature, si, en un sens, elle est possible, est d’accord avec ceux qui la condamnent. Elle aspire au silence d’une horreur qui a seule la force de la comprendre.
Nouvelle Revue Française, 3e année, n°29, 1er mai 1955, pp. 838-839.

 

Susan Sontag: The Pornographic Imagination

Story of O by Pauline Réage appeared in 1954 and immediately became famous, partly due to the patronage of Jean Paulhan, who wrote the preface. It was widely believed that Paulhan himself had written the book — perhaps because of the precedent set by Bataille, who had contributed an essay (signed with his own name) to his Madame Edwarda when it was first published in 1937 under the pseudonym Pierre Angelique, and also because the name Pauline suggested Paulhan. But Paulhan has always denied that he wrote Story of O, insisting that it was indeed written by a woman, someone previously unpublished and living in another part of France, who insisted on remaining unknown. While Pauihan’s story did not halt speculation, the conviction that he was the author eventually faded. Over the years, a number of more ingenious hypotheses, attributing the book’s authorship to other notables on the Paris literary scene, gained credence and then were dropped. The real identity of Pauline Réage remains one of the few well-kept secrets in comtemporary letters.

The Image was published two years later, in 1956, also under a pseudonym, Jean de Berg, To compound the mystery, it was dedicated to and had a preface by Pauline Réage, who has not been heard from since. (The preface by Réage is terse and forgettable; the one by Paulhan is long and very interesting.) But gossip in Paris literary circles about the identity of Jean de Berg is more conclusive than the detective work on Pauline Réage. One rumor only, which names the wife of an influential younger novelist, has swept the field.

It is not hard to understand why those curious enough to speculate about the two pseudonyms should incline toward some name from the established community of letters in France. For either of these books to be an amateur’s one-shot seems scarcely conceivable. Different as they are from each other, Story of O and The Image both evince a quality that can’t be ascribed simply to an abundance of the usual writerly endowments of sensibility, energy, and intelligence. Such gifts, very much in evidence, have themselves been processed through a dialogue of artifices. The somber self-consciousness of the narratives could hardly be further from the lack of control and craft usually considered the expression of obsessive lust. Intoxicating as is their subject (if the reader doesn’t cut off and find it just funny or sinister), both narratives are more concerned with the use of erotic material than with the expression of it. And this use is preeminently — there is no other word for it — literary. The imagination pursuing its outrageous pleasures in Story of O and The Image remains firmly anchored to certain notions of the formal consummation of intense feeling, of procedures for exhausting an experience, that connect as much with literature and recent literary history as with the ahistorical domain of eros. And why not? Experiences aren’t pornographic; only images and representations — structures of the imagination — are. That is why a pornographic book often can make the reader think of, mainly, other pornographic books, rather than sex unmediated — and this not necessarily to the detriment of his erotic excitement.

For instance, what resonates throughout Story of O is a voluminous body of pornographic or “libertine” literature, mostly trash, in both French and English, going back to the eighteenth century. The most obvious reference is to Sade. But here one must not think only of the writings of Sade himself, but of the reinterpretation of Sade by French literary intellectuals after World War II, a critical gesture perhaps comparable in its importance and influence upon educated literary taste and upon the actual direction of serious fiction in France to the reappraisal of James launched just before World War II im the United States, except that the French reappraisal has lasted longer and seems to have struck deeper roots. (Sade, of course, had never been forgotten. He was read enthusiastically by Flaubert, Baudelaire and most of the other radical geniuses of French literature of the late nineteenth century. He was one of the patron saints of the Surrealist movement, and figures importantly in the thought of Breton. But it was the discussion of Sade after 1945 that really consolidated his position as an inexhaustible point of departure for radical thinking about the human condition. The well-known essay of Beauvoir, the indefatigable scholarly biography undertaken by Gilbert Lely, and writings of Blanchot, Paulhan, Bataille, Klossowski, and Leiris are the most eminent documents of the postwar reevaluation which secured this astonishingly hardy modifcation of French literary sensibility. The quality and theoretical density of the French interest in Sade remains virtually incomprehensible to English and American literary intellectuals, for whem Sade is perhaps an exemplary figure in the history of psychopathology, both individual and social, but inconceivable as someone to be taken seriously as a thinker.)

But what stands behind Story of O is not only Sade, both the problems he raised and the ones raised in his name. The book is also rooted in the conventions of the libertine potboilers written in nineteenth-century France, typically situated in a fantasy England populated by brutal aristocrats with enormous sexual equipment and violent tastes, along the axis cf sadomasochism, to match. The name of O’s second lover-proprietor, Sir Stephen, clearly pays homage to this period fantasy, as does the figure of Sir Edmond of Histoire de l’Oeil. And it should be stressed that the allusion to a stock type of pornographic trash stands, as a literary reference, on exactly the same footing as the anachronistic setting of the main action, which is lifted straight from Sade’s sexual theater. The narrative opens in Paris (0 joins her lover René in a car and is driven around) but most of the subsequent action is removed to more familiar if less plausible territory; that conveniently isolated chateau, luxuriously furnished and lavishly staffed with servants, where a clique of rich men congregate and to which women are brought as virtual slaves to be the objects, shared in common, of the men’s brutal and inventive lust. There are whips and chains, masks worn by the men when the women are admitted to their presence, great fires burning in the hearth, unspeakable sexual indignities, loggings and more ingenious kinds of physical mutilation, several lesbian scenes when the excitement of the orgies in the great drawing room seems to flag. In short, the novel comes equipped with some of the creakiest items in the repertoire of pornography.

How seriously can we take this? A bare inventory of the plot might give the impression that Story of O is not so much pornography as meta-pornography, a brilliant parody. Something similar was urged in defense of Candy when it was published here several years ago, after some years of modest existence in Paris as a more or less official dirty book. Candy wasn’t pornography, it was argued, but a spoof a witty burlesque of the conventions of cheap pornographic narrative. My own view is that Candy may be funny, but it’s still pornography. For pornography isn’t a form that can parody itself. It is the nature of the pornographic imagination to prefer ready-made conventions of character, setting, and action. Pornography is a theater of types, never of individuals. A parody of pornography, so far as it has any real competence, always remains pornography. Indeed, parody is one common form of pornographic writing. Sade himself often used it, inverting the moralistic fictions of Richardson in which female virtue always triumphs over male lewdness (either by saying no or by dying afterwards). With Story of O, it would be more accurate to speak of a use rather than of a parody of Sade.

The tone alone of Story of O indicates that whatever in the book might be read as parody or antiquarianism — a mandarin pornography? — is only one of several elements forming the narrative. (Although sexual situations encompassing all the expectable variations of lust are graphically described, the prose style is rather formal, the level of language dignified and almost chaste.) Features of the Sadean staging are used to shape the action, but the narrative’s basic line differs fundamentally from anything Sade wrote. For one thing, Sade’s work has a built-in open-endedness or principle of insatiability. His 120 Days of Sodom, probably the most ambitious pornographic book ever conceived (in terms of scale), a kind of summa of the pornographic imagination, stunningly impressive and upsetting, even in the truncated form, part narrative and part scenario, in which it has survived. (The manuscript was accidentally rescued from the Bastille after Sade had been forced to leave it behind when he was transferred in 1789 to Charenton, but Sade believed until his death that his masterpiece had been destroyed when the prison was razed.) Sade’s express train of outrages tears along an interminable but level track. His descriptions are too schematic to be sensuous. The fictional actions are illustrations, rather, of his relentlessly repeated ideas. Yet these polemicai ideas themselves seem, on reflection, more like principles of a dramaturgy than a substantive theory. Sade’s ideas — of the person as a thing or an object, of the body as a machine and of the orgy as an inventory of the hopefully indefinite possibilities of several machines in collaboration with each other — seem mainly designed to make possible an endless, non-culminating kind of ultimately affectless activity. In contrast, Story of O has a definite movement; a logic of events, as opposed to Sade’s static principle of the catalogue or encyclopedia. This plot movement is strongly abetted by the fact that, for most of the narrative, the author tolerates at least a vestige of “the couple” (O and René, O and Sir Stephen} — a unit generally repudiated in pornographic literature.

And, of course, the figure of O herself is different. Her feelings, however insistently they adhere to one theme, have some modulation and are carefully described. Although passive, O scarcely resembles those ninnies in Sade’s tales who are detained in remote castles to be tormented by pitiless noblemen and satanic priests. And O is represented as active, too: literally active, as in the seduction of Jacqueline, and more important, profoundly active in her own passivity. O resembles her Sadean prototypes only superficially. There is no personal consciousness, except that of the author, in Sade’s books. But O does possess a consciousness, from which vantage point her story is told. (Although written in the third person, the narrative never departs from O’s point of view or understands more than she understands.) Sade aims to neutralize sexuality of all its personal associations, to represent a kind of impersonal — or pure — sexual encounter. But the narrative of Pauline Réage does show O reacting in quite different ways (including love} to different people, notably to René, to Sir Stephen, to Jacqueline, and to Anne-Marie. (...)

However, degrees of this affectlessness can be distinguished. Justine is the stereotype sex-object figure (invariably female, since most pornography is written by men or from the stereotyped male point of view): a bewildered victim, whose consciousness remains unaltered by her experiences, But O is an adept; whatever the cost in pain and fear, she is grateful for the opportunity to be initiated into a mystery. That mystery is the loss of the self. O learns, she suffers, she changes. Step by step she becomes more what she is, a process identical with the emptying out of herself. In the vision of the world presented by Story of O, the highest good is the transcendence of personality. The plot’s movement is not horizontal, but a kind of ascent through degradation. O does not simply become identical with her sexual availability, but wants to reach the perfection of becoming an object. Her condition, if it can be characterized as one of dehumanization, is not to be understood as a by-product of her enslavement to René, Sir Stephen, and the other men at Roissy, but as the point of her situation, something she seeks and eventually attains. The terminal image for her achievement comes in the last scene of the book: O is led to a party, mutilated, in chains, unrecognizable, costumed (as an owl) — so convincingly no longer human that none of the guests thinks of speaking to her directly.

O’s quest is neatly summed up in the expressive letter which serves her for a name. “O” suggests a cartoon of her sex, not her individual sex but simply woman; it also stands for a nothing. But what Story of O unfolds is a spiritual paradox, that of the full void and of the vacuity that is also a plenum. The power of the book lies exactly in the anguish stirred up by the continuing presence of this paradox. Pauline Réage raises, in a far more organic and sophisticated manner than Sade does with his clumsy expositions and discourses, the question of the status of human personality itself. But whereas Sade is interested in the obliteration of personality from the viewpoint of power and liberty, the author of Story of O is interested in the obliteration of personality from the viewpoint of happiness.
A Susan Sontag Reader. New York: Farrar, Straus and Giroux, 1982. pp. 215-218, 220-221.


La chouetteLa chouette

 

La Commission du Livre

Considérant que ce livre publié par l’éditeur Jean-Jacques Pauvert entend retracer les aventures d’une jeune femme qui, pour complaire à son amant, se soumet à tous les caprices érotiques et à tous les sévices. Considérant que ce livre, violemment et consciemment immoral, où les scènes de débauche à deux ou à plusieurs personnages alternent avec des scènes de cruauté sexuelle, contient un ferment détestable et condamnable, et que par là même il outrage les bonnes mœurs.

 

Les fils

Les fils qui m’ont attachée
Sont plus fins que des cheveux
Si la main les tire un peu
Qui les a pris à poignée
 
J’entends répondre sans voix
La captive volontaire
La muette la prisonnière
Que je cache au fond de moi
 
Son sang me brûle les veines
Des épaules aux genoux
Elle se tait mais c’est nous
Qui perdons ensemble haleine
 
Si les fils incandescents
Leur réseau de moi détachent
Si l’étreinte se relâche
Par quoi je vais respirant
 
Je deviendrai cendre éteinte
Scorie poudre et sable au vent
Gravats débris pavement
Sel de gemme asphalte peinte
 
Pour me renfoncer en terre
Au plus proche au plus commun
Pour que la chaleur des mains
Se refroidisse à la pierre
 
Et que me marche dessus
Le roi qui m’a caressée
Déchirée brûlée jetée
Vide défaite et rompue.