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Ioannes Henricus Meibomius & Claude-François-Xavier Mercier de Compiègne:
De l’utilité de la flagellation dans la médecine et dans les plaisirs du mariage
et des fonctions des lombes et des reins

De l’utilité de la flagellation

De l’utilité de la flagellation

 

Avertissement

On sait que Jean-Henri Meibomius étoit un savant du dernier siècle, qui s’est rendu célèbre en médecine, par la découverte des nouveaux vaisseaux qui prennent leur chemin vers les paupières, et qu’on a appelés de son nom, conduits de Meibomius. Il fut long-temps professeur de médecine à Helmstadt, sa patrie, et ensuite premier médecin de Lubeck, ville d’Allemagne dans le duché de Holstein.

Le petit traité que nous publions est très-curieux, et n’est guère connu que de quelques médecins, et d’un petit nombre de gens de lettres. Il n’en existe que deux éditions devenues fort rares et fort chères faites toutes deux en pays étrangers et fourmillant de fautes d’impression. La première à Londres 1665, in-64, et la seconde à Francfort 1670, in-8°. L’une et l’autre étant fautives, nous nous sommes déterminés d’en donner une troisième purgée de ces fautes; et pour faire connoître cet ouvrage intéressant et utile aux littérateurs, aux gens du monde, et à ceux qui ne sont pas familier avec le grec et le latin, nous avons entrepris de le traduire, et nous avous accompagné notre version de notes historiques étroitement liées au sujet, d’observations nouvelles puisées dans des auteurs modernes, tels que MM. l’abbé Chappe, de Lignac, Arnaud de Villeneuve, et Lémery, etc., et multipliées au point qu’elles forment, pour ainsi dire, un second ouvrage aussi étendu que celui de Meibomius.

Nous avons adouci le mieux qu’il a été possible, des expressions trop libres dans les citations, de manière pourtant à ne pas nuire à la clarté du sujet, dans un ouvrage dont le but est de développer le méchanisme des parties auxquelles l’Etre-Suprême a confié l’emploi de la propagation de l’espèce, et d’indiquer les remèdes nécessaires à les rendre capables de s’en aquitter, quand un vice dans les organes ou des excès de volupté ont altéré en elles cette précieuse faculté.

Nous renvoyons ceux qui nous accuseroient d’avoir voulu faire l’apologie de la flagellation, à ce qu’ont dit dans les mêmes vues, M. de Bienvîlle, dans l’avant-propos de son excellent traité de la Nymphomanie, pages 4 et 5; M. de Lignac, dans l’introduction de son traité de l’amour conjugal, page 19, et M. Tissot dans celle de l’Onanisme, pages 7, 8 et suivantes.

Au reste, nous espérons que le plus grand nombre des lecteurs, nous saura gré de n’avoir rien négligé pour leur offrir un ouvrage complet.

Il y a des écueils inséparables de la matière, et que le traducteur le plus chaste ne peut éviter, s’il veut rendre les Pensées de son original; c’est ce que nous avons éprouvé toutes les fois qu’il a été question de rendre en français les vers libres de Petronne, Catulle, Tibulle, Ovide, Martial et Apulée. Il falloit donc abandonner le travail; non, sans doute: à. côté des vers libres, je trouvois des autorités puisées dans les auteurs ecclésiastiques, les livres sacrés et les pères de l’église. L’exemple des St.-Augustin, des St.-Jerôme, des Isidore, des Lactance, des Origène et des Tertullien m’encourageoit dans mon entreprise, puisqu’écrivant en langues vivantes, ils n’ont pas cru devoir se taire sur les crimes obscènes, parce qu’un ne peut les désigner sans mots. Au restes si nous sommes réprehensibles, notre faute est celle de Meibomius, et nous nous justifions entièrement par l’aveu sincère de la faute même, et si c’en est une, nous n’avons eu d’autre motif en traduisant cet ouvrage, que de nous occuper, de nous amuser, et de procurer aux littérateurs et aux gens du monde la connoissance d’un ouvrage que sa rareté leur avoit fait perdre, et leur en faciliter l’acquisition à moindres frais.

J’ai rassemblé dans l’introduction qui suit tout ce qui peut servir à l’histoire de la flagellation, en offrant au lecteur un extrait lumineux et discuté de l’ouvrage de l’abbé Boileau sur cette matière: et cette compilation nécessaire à mon ouvrage ne laissera plus rien à désirer. Nous osons avancer que cet extrait, ceux de Brantôme, et l’étendue des notes dont nous avons semé l’ouvrage, dans la vue d’égayer l’aridité du style de Meibomius, ne manqueront pas de rendre ce petit traité aussi intéressant que curieux.

Quant à la manière dont nous avons traduit le latin, dans lequel il falloit remédier à des fautes d’impression ou de latinité, et à des demi-mots qui, si je puis le dire, n’étoient que les premiers linéamens des pensées de l’auteur qu’il falloit-développer, nous supplions le lecteur de vouloir bien se souvenir de ce précepte d’Horace dont nous avens tâché de faire notre profit, sur-tout quand il a fallu rendre des morceaux d’anatomie, qui ne sont plus les mêmes que du temps de Meibomius, et suivre la marche nouvelle prescrite par nos nouvelles découvertes en médecine, et à laquelle je me suis le plus possible conformé.

Nec verbum verbo curabis reddere fidus
interpres, nec desilies imitator in arctum.
  (HOR. Art. Poët.)
 

 

Introduction

L’abbé Boileau, docteur de Sorbonne, doyen et grand vicaire de Sens, sous de Gondrin, et ensuite chanoine de la Sainte-Chapelle de Paris, donna en 1700 un ouvrage intitulé: « Historia Flagellantium de recto[a] et perverso Flagrorum usu apud Christianos, ex antiquis scripturæ, Patrum, Pontificum, Conci’iorum et Scriptorum profanorum monumentis, cum cura et fide expressa, » imprimé chez Janisson, en gros caractères, et composé de près de 400 pages in-12. Du Cerceau et Thiers le critiquèrent. On en publia une traduction plus indécente que l’original; elle fut réformée par l’abbé Granet, qui la fit réimprimer en 1732.

Un auteur anonyme déchargea sa bile sur ce livre, dans un petit ouvrage in-12, de 43 pages, et qui a pour titre: Lettre à M. L. C. P. D. B. sur le livre intitulé: Historia Flagellantium. Cette lettre est une véritable satyre, et qui attaque M. l’abbé Boileau, d’une manière hardie et peu honnête. L’éclipsé dit le critique, que souffrit l’histoire des flagellans, dès qu’elle commença à voir le jour, vint d’une suppression tacite ou de l’avidité des libraires de Hollande et d’Angleterre, et de l’empressement à enlever toute l’édition d’un ouvrage qui devoit être d’un grand débit chez eux. On m’a assuré depuis peu, dit-il, qu’on en faisoit une nouvelle édition en faveur des mousquetaires et autres jeunes gens d’agréable humeur, qui le trouvent fort à leur gré. Il est en effet très-divertissant, et peut tenir son rang dans leur bibliothèque, entre Rabelais, Bocace et les contes de Lafontaine. Il ajoute que cet ouvrage a mérité à M. Boileau le surnom de Flagellant, pour le distinguer des autres abbés Boileau, fort connus dans le monde par leur réputation et leur mérite. Dans tout le cours de la satyre, le critique appelle M. Boileau de ce nom de Flagellant ou de petit Flagellant. Le portrait qu’il en fait est trop injurieux pour être rapporté ici. Je dirai seulement que ce critique n’épargne ni le livre ni la personne. Sa satyre est pleine d’invectives, de railleries, d’ironies et de réflexions mordantes, et son ouvrage peut être mis, avec justice, au rang des libelles diffamatoires. Car, après tout, dit l’auteur des nouvelles de la république des lettres, (décembre 1700, page 695,) quand il y auroit quelque chose à reprendre ou dans le choix de la matière du livre de M. Boileau, ou dans la manière dont il l’a traitée, cela n’empêche pas que l’auteur ne soit un honnête homme et de bonnes mœurs[b].

Les jésuites attaquèrent aussi cet ouvrage, et ont extrait de ce livre ou de ceux qu’il a approuvés, diverses propositions qu’ils croyoient censurables. Il y en a une qui le paroît effectivement, et la voici en français: les écrivains sacrés ont fait mention onze fois des flagellations, cinq fois principalement en parlant de J. C. notre sauveur, qui fut flagellé malgré lui et contre su volonté. Cette expression paroît trop forte, mais on voit bien pourtant ce que l’auteur veut dire; c’est que si J. C. a été flagellé par ses ennemis, il ne s’est jamais donné volontairement la discipline, comme font les moines. Voici une autre préposition que je ne rapporterai qu’en latin: Nec esse est cum musculi lumbares virgis aut flagillis diverberantur, spiritus vitales tevelli, adeo que salaces mutus ob viciniam partium genitalium et testium excitari, qui venereis imaginibus ac illecebris cerebrum mentem que fascinant ac virtutem castitatis ad extremas augustias redigunt.

Si cette proposition n’est pas fausse, il est du moins sûr qu’elle auroit beaucoup mieux sa place dans un ouvrage de quelque médecin, que dans celui d’un prêtre docteur en théologie; mais il sied mal aux jésuites de relever de semblables propositions, puisque plusieurs de leurs auteurs ont avancé des choses beaucoup plus capables de blesser les imaginations foibles et délicates.

Le dessein général de l’auteur étoit de faire voir que l’usage des disciplines volontaires est une superstition qui s’est introduite chez les moines, et qui tire son origine du Paganisme, et qu’elle est pernicieuse à la santé du corps et de l’âme. Il loue l’exercice de la mortification de la chair comme un acte saint et méritoire, lorsqu’il est autorisé par la loi divine ou établi par l’église. Or, celui dont il s’agit n’est point autorisé par la loi divine. 11 n’en est point fait mention dans l’ancien testament. La loi de Moïse, au contraire, (Deut. 25, -2, 3.) défendoit de donner aux criminels plus de quarante coups de fouet, d’où il suit qu’elle ne permet pas aux moines ni à aucun autre particulier, de s’appliquer plus de quarante coups de fouet, ni de se déchirer la peau d’une manière si cruelle, pendant que l’on chante lentement miserere, de profundis et l’antienne salve regina. La loi naturelle nous défend de faire à autrui ce que nous ne voudrions pas qui nous fût fait; et la loi de Moïse nous défend de nous faire à nous mêmes ce qu’elle ne veut pas que nous fassions à un autre. Dans l’évangile, J. C. ni les apôtres n’ont pas fait mention de la flagellation, car, par le passage de St-Paul, je mortifie ma chair (Corinth. 9, 27.}, l’auteur fait voir qu’il ne favorise point la discipline que se donnent les moines. Il remarque que la flagellation involontaire est fort ancienne, puisqu’elle étoit en usage parmi les payens, avant la fondation de Rome. Elle étoit même établie par la loi divine, (proverb. 13, 24 et 23, 13) pour punir les enfans et ceux qui faisoient quelque faute qui méritât cette punition. Mais outre ces flagellations involontaires, il y en avoit de volontaires et de libres. Tertullien rapporte que c’étoit une coutume parmi les Lacédémoniens de célébrer de certaines fêtes en l’honneur de Diane, et que ce jour-là, pour honorer la déesse, les jeunes gens se fouettoient eux-mêmes devant son autel, et quelquefois jusqu’au sang. Environ l’an 476 de J. C., les juifs rabins mirent au nombre de leurs cérémonies une espèce de flagellation volontaire, mais elle étoit mutuelle, et ils se flagelloient les uns les autres alternativement. Dans les premiers temps de l’église, où la pénitence étoit dans sa plus grande ferveur, l’usage de la discipline étoit une chose inouie. Du temps de St. Augustin, on avoit coutume de flageller les hérétiques et les criminels, mais les chrétiens ne se flagelloient point eux-mêmes. Ceux qui ont écrit la vie austère des anciens anachoretes ne parlent point de disciplines ni de flagellations volontaires. M. Boileau répond à un passage de St-Jérôme, à un autre de St-Jean Climaque, et à un troisième de St-Cyrille d’Alexandrie, que les moines croient leur être favorables.

L’usage de se flageller soi-même te fut introduit qu’environ l’an 1047 ou 1056, du temps de Pierre Damiens, et il ne fut toléré des personnes sages qu’avec beaucoup de répugnance. L’auteur rapporte divers exemples, tous propres à faire avoir en horreur et à tourner en ridicule la flagellation.

Voici une anecdote très-plaisante à ce sujet, tirée de Michaël Scotus.

Un dévot accompagnait sa femme à confesse: voyant que le confesseur la menoit derrière l’autel pour la flageller, il s’écria: Monsieur, elle est très-délicate, je reçois la discipline pour elle: cela dit, il se mit à genoux, et le confesseur fit son office; pendant la cérémonie, la femme crioit de toute sa force: frappez fortement, car je suis grande pécheresse. 11 y avoit peut-être un motif de jalousie dans le dévouement du mati, et une petite vengeance de cette jalousie, dans la femme.

Cette coutume dévint fort ordinaire dans la suite, et on la pratiqua jusques dans les rues. Un cordelier un jour donna le fouet en plein midi, sur les fesses, à un docteur en théologie qui avoit prêché contre la conception immaculée de la Ste.-Vierge, et les femmes crioient: mon père, donnez lui en quatre coups pour chacune de nous.

Vers l’an 1260, vint la superstition inouie de se fouetter soi-même, et la secte des flagellans commença en Italie. Ils alloient tout nuds en procession deux à deux, se flagellant dans les rues et dans les places publiques. Cette secte n’avoit point d’ailleurs de sentimens opposés à ceux de l’église romaine. Cependant Alexandre IV ne voi1ut pas l’autoriser, et plusieurs princes chassèrent ces flagellans de leurs états.

Ces observations suffisent pour mettre le lecteur en état de juger de l’histoire des flagellans par l’abbé Boileau, s’il ne la connoît pas; et je renvoie ceux qui la connoîtroient au livre lui-même, où ils trouveront des choses curieuses et des détails plus étendus.

Je ne puis me refuser au désir d augmenter la foule des exemples qu’on pourroit citer de la flagellation volontaire, par celui de St.-Dominique, surnommé l’Encuïiassé. Cet hermite ne se flagelloit pas seulement pour lui, mais pour expier les iniquités des autres. On croyoit alors que cent ans de pénitence pouvoient se racheter par vingt pseautiers, accompagnés de coups de fouet. Trois mille coups valoient un an de pénitence, et les vingt pseautiers faisoient trois cent mille coups, à raison de mille coups par dixaine de pseaumes. Dominique accomplissoit cette pénitence de cent ans, en six jours. 11 accittoit ainsi les péchés du peuple; mais cette flagellation continuelle rendit sa peau aussi noïre que celle d’un nègre. L’usage de ces sortes de pénitence occasionna l’abolissement des pénitences canoniques. Le principal avantage de celles-ci étoit de détruire les plus mauvaises habitudes, en faisant pratiquer long-temps les vertus contraires, et non pas en faisant flageller un hermite qui n’étoit pas coupable. En effet, a dit un certain auteur, le péché n’est pas comme une dette pécuniaire que tout autre peut payer à la déchargé du débiteur, en quelque monnoie que ce soit; c’est une maladie dangereuse qu’il faut guérir dans la personne même du malade.

Je serois tenté de croire que ces flagellans, animés d’abord d’un saint zèle et du désir de se mortifier, ont employé la fustigation dans la vue de matter leur chair de faire pénitence; mais dupes peut-être de ce même zèle, et la nature ne perdant jamais ses droits, ils ont continué, avec une espèce de fureur, cette douce torture qui les dédommageoit du plaisir que leur solitude leur défendoit; car enfin, c’étoit toujours un plaisir goûté physiquement même à l’insu du moral.

Brantôme, dans la graveleuse et cynique simplicité de son style[c], dit, qu’il a ouï parler d’une grande dame de par le monde, qui ne se contentant de lasciveté naturelle, car elle étoit grande putain et étant mariée et veuve, aussi étoit-elle très-belle; pour la provoquer et exciter davantage, elle faisoit dépouiller ses dames et filles, je dis les plus belles, et se délectoit fort à les voir, et puis elle les battoit du plat de la main sur les fesses avec de grandes claquades et blamuses assez rudes; et les filles qui avoient délinqué en quelque chose, avec de bonnes verges, et alors son contentement étoit de les voir remuer et faire des tordions de leurs corps et fesses, lesquels selon les coups qu’elles recevoient, en montroient de bien étranges et plaisans. Autrefois, sans les dépoulliller les faisoit trousser en robe, car pour lors elle ne portoient point de caleçons, et les claquetoit et fouettoit sur les fesses, selon le sujet qu’elles lui donnoient, ou pour les faire rire ou pleurer, etc. etc. etc.

Plus loin, il raconte qu’un grand prenoit ainsi plaisir à voir sa femme nue ou habillée et à la fouetter de claquades, et à la voir manier de son corps.

Qu’une fort honnête dame, étant fille, étoit fouettée par sa mère quatre fois tous les deux jours, non pour avoir forfait, mais parce que sa mère prenoit plaisir à la voir remuer ainsi les fesses et le corps, pour autant en prendre d’appétit ailleurs, et tant plus elle alla sur l’âge de quatorze ans, elle persista et s’y acharna de telle façon, qu’à mesure qu’elle l’acostoit, elle la contemploit encore plus. Il dit plus bas, qu’un très-grand seigneur et prince, il y a plus de quatre-vingt ans, avant d’aller habiter avec sa femme, se faisoit fouetter, ne pouvant s’émouvoir ni relever sa nature baissante, sans ce sot remède. Je désirerois volontiers qu’un médecin excellent m’en dit la raison.

Voilà de terribles humeurs de personnes, dit naïvement Brantôme en parlant de l’homme cité par Pic de la Mirandole, et dont nous avons rapporté l’exemple dans cet ouvrage.
 

Note

On a vu dans cette introduction que de tous temps les prêtres faisant servir la religion à leurs plaisirs, ont su couvrir de ce masque redoutable les excès honteux où les portoit un tempérament fougueux qu’allumoient encore la macération qui tendoit à les rendre plus lubriques, l’oisiveté, la tranquillité des cloîtres, et la confiance aveugle qu’ils avoient inspirésà leurs sots pénitens.

Le traducteur, n’ayant entrepris que le seul ouvrage de Meibomius, et non l’effrayant tableau des crimes du clergé, et l’histoire générale de la flagellation, prie les lecteurs qui désireroient de plus grands eclaircissemens sur cette matière, de consulter:

1°. Essai philosphique sur le monachisme, par Linguet, 1776, 1 vol. in-8°.

2°. Nécessité de supprimer et d’éteindre les ordres religieux en France, prouvée par l’hist. philos. du monachisme, ou exposition abrégée de ce que l’on trouve de plus singulier et de plus curieux dans l’institution, la règle l’établissement et la vie des moines de tous les cultes et de tous les pays. Londres 1789, 2 vol. in-8°.

3°. Les prêtres démasqués, ou les iniquités du clergé chrétien. Ouvr. trad. de l’anglais. 1767, in-8°. 1 vol.
 

 

De l’utilité de la flagellation dans la médecine et dans les plaisirs du mariage et des fonctions des lombes et des reins

Voici enfin, mon cher Cassius, le petit traité[1] que je vous ai promis dans une orgie bachique. Vous vous convaincrez, en le lisant, que l’usage de la flagellation n’est pas aussi extraordinaire qu’il le paroît au premier coup d’œil. Je me souviens très bien de l’engagement que j’ai pris de vous communiquer mes réflexions sur cet objet. Ce fut lorsque nous nous trouvâmes dernièrement à table chez notre ami commun Martinus Gerdesius, conseiller du prince et votre collègue, mais je ne me rappelle pas précisément à quelle occasion, je vous dis que les coups et la flagellation servoient quelquefois à la guérison de plusieurs maladies, ce qui vous parut un paradoxe. Quoi qu’il en soit, je vais vous démontrer que l’expérience a confirmé la bonté de ce remède, en m’appuyant sur l’autorité des médecins qui l’ont enseigné et pratiqué.

Titus, disciple d’Asclépiade(A) qui vivoit sous le règne d’Auguste, comme je l’ai dit dans mon ouvrage intitulé: Vies des médecins (livre 2, de l’âme, que les Maniaques doivent être fouettés pour leur rendre le bon sens).

Coelius Aurelianus, (livre I, des passions lentes, chap. 5), dit que les personnes attaquées de la mélancolie érotique, ou qui sont dans le délire, doivent être aussi fouettées, quand les autres moyens n’ont rien fait, et que dans plusieurs individus, cette opération a guéri l’aliénation d’esprit.

Rhasès, (livre I, de la continence, chapitre IV), d’après un célèbre médecin juif dont il invoque le témoignage, ordonne de lier la personne attaquée de la manie érotique et de la frapper à grands coups de poing ou de verges, si les autres remèdes ont été infructueux, et d’administrer ce topique à plusieurs reprises, si le bien ne s’opère pas dès la première fois; une seule hirondelle, pour me servir de ses termes, ne faisant pas le printemps.

Antoine Gaignier pense[2] comme Rhasès, et Valescus de Tarente s’exprime ainsi[3]:

« Si le malade est jeune, il faut le frapper sur les fesses à grands coups de verges, et si l’érection ne se fait pas, l’enfermer dans un cul de basse fosse, l’y tenir au pain et à l’eau jusqu’à ce qu’il demande pardon de son invergence, et lui faire observer un régime rigoureux. »

Si nous en croyons Sénèque, (livre 6, des Bienfaits, chapitre 8), la flagellation dissipe la fièvre quarte, parce que le mouvement réchauffe et divise l’humeur âcre, épaisse et noire, qui étoit stagnante dans les viscères, comme le dit fort bien Juste Lipse dans ses commentaires.

Jérôme Mercurialis(B)[4] nous apprend que plusieurs médecins ont ordonné la flagellation à des personnes maigres, pour les engraisser et leur donner de l’embonpoint.

Galien[5] citant à ce sujet les stratagèmes des marchands d’esclaves, qui se servoient de ce moyen pour les faire paraître plus brillants de fraîcheur et d’embonpoint, ne laisse aucun doute sur l’efficacité de ce remède[6]. Il est certain qu’il fait gonfler la chair et attire à elle les aliments. Personne n’ignore que la flagellation avec des orties vertes a le plus grand succès pour raffermir les membres et rappeler la chaleur et le sang dans les parties qui en sont privées.

Coelius Aurelianus[7] et Thémison, (liv. I des Passions lentes), veulent que ce soit avec de la férule.

Elidaeus de Padoue[8] n’hésite pas d’ordonner la flagellation avec des orties vertes sur les membres tendres et délicats des petits enfants, pour hâter l’éruption de la petite vérole.

Thomas Campanella(C), que nous avons autrefois connu à Naples, semble mettre en avant une opinion nouvelle et inadmissible, en attribuant à la flagellation la vertu de guérir les obstructions du bas-ventre. Il raconte[9] que le prince de Venuse[10] ne pouvoit aller à la garde-robe sans avoir été préalablement fustigé par un valet gagé pour remplir cette fonction, ajoutant qu’il seroit dangereux de retenir sa respiration pendant qu’on se feroit administrer ce remède; et j’en conviens.

Il est des personnes qui ne peuvent goûter les plaisirs de l’amour, si elles ne sont aiguillonnées par la fustigation. Cette cérémonie étrange les embrase des feux de la lubricité, jusqu’à les faire écumer, et fait dresser vers le ciel cette partie qui constitue la virilité, de manière que son oscillation suit le nombre et le son des coups appliqués, pour ainsi dire en cadence; et voilà précisément ce que vous rejetiez comme une plaisanterie et une chose incroyable, quand j’en parlai la première fois. Je vais pourtant mettre en usage, mon cher Cassius, tout ce que je crois capable de vous en convaincre en m’étayant du témoignage des auteurs les plus dignes de foi, pour vous prouver que ceci n’est point une innovation, et que le caprice n’a aucune part à cet usage, et j’y joindrai les raisons et les exemples, d’après lesquels divers médecins et moi avons trouvé la chose vraisemblable. Je ne m’étendrai cependant pas beaucoup dans ce moment-ci sur la nécessité d’employer les orties vertes, pour en frapper les parties génitales.

Menghus Faventinus[11] assure qu’elles ont une propriété merveilleuse pour allonger, tendre, grossir et ériger le membre viril, qui, par une parcimonie de la nature, feroit craindre la stérilité.

Pétronne vous apprendra, si vous le consultez, combien elles sont utiles pour guérir l’impuissance, et rendre aux amants leurs forces éteintes par de trop fréquentes jouissances, en faisant parler Encolpe de cette manière:

« Cette partie de mon corps, par laquelle j’étais autrefois un Achille, étoit alors entièrement morte et plus froide que la neige et sembloit s’être retirée au fond de mes entrailles, sillonnée de mille rides. Ma verge ressembloit à du cuir détrempé dans de l’eau, etc. »

Je ne fais ici que transcrire l’auteur qui continue ainsi:

« Enothée, prêtresse de Priape, lui ayant promis de la lui rendre aussi dure que de la corne, mêle du cresson alénois avec de l’avrône, en forme un onguent qu’elle applique sur ses testicules, et armant ses mains d’une poignée d’orties vertes, l’en frappe légèrement au-dessous du nombril, sur les reins et sur les fesses. »

Mais pour revenir à la grande et véritable flagellation, écoutons ce que raconte à ce sujet Jean Pic, comte de la Mirandole(D), qui vivoit, il y a 150 ans. Il fait ainsi, (livre 3, chap. 27, de son ouvrage contre les astrologues), l’histoire d’un de ses amis:

« Je connais, dit-il, et il existe encore, un homme dont le tempérament amoureux et les excès n’ont peut-être jamais eu d’exemple. Il ne peut caresser une femme, malgré la violence de ses désirs, s’il n’est auparavant fustigé. En vain sa raison lui fait regarder comme un crime ce raffinement de volupté, sa fureur pour ce cruel plaisir est telle qu’il encourage lui-même, et accuse de mollesse et de lâcheté celui qui le fouette, lorsque la fatigue ou la pitié lui font ralentir ses efforts. Le patient n’est au comble de ses plaisirs, qu’en voyant ruisseler le sang dont une grêle affreuse de coups a couvert les membres innocents du libertin le plus effréné. Ce malheureux réclame ordinairement pour ce service, avec les plus instantes supplications, la main de la femme avilie dont il veut jouir, lui donne lui-même les verges qu’il a fait tremper dès la veille dans le vinaigre, et lui demande à genoux la faveur insigne d’être ainsi déchiré. Plus elle frappe avec violence, plus elle acquiert de droits à son amour et à sa reconnaissance, en lui rendant des feux qu’il n’avoit plus, jusqu’à ce que la dernière période de la souffrance et l’épuisement total de ses forces, lui fassent goûter la plénitude de la volupté en égale proportion. Trouvez un seul homme pour qui le comble de la douleur, et cette espèce de torture doivent être celui du plaisir, et si d’ailleurs il n’est pas entièrement corrompu, lorsque, de sang-froid, il connaîtra sa maladie, il rougira de ses excès et les détestera. »

Jusqu’ici, c’est Pic de la Mirandole qui a parlé, mais la même chose est rapportée par Thomas Campanella déjà cité, et Jean Névisan(E) (livre I de ses Sylves Nuptiales, art. 130). Si je ne me trompe, l’homme dont parle Coelius Rhodiginus(F) (livre 2, chap. 15 de ses anciennes leçons), avoit ce goût-là de commun avec l’ami de Pic de la Mirandole; et d’après Coelius, André Tiraqueau(G), art. V de son Traité des lois du Mariage. Mais écoutons Cœ1ius[12].

« Des personnes dignes de foi, dit-il, assureront avoir connu, il y a quelques années, un homme qui, par un contraste bien étonnant et qu’on aura peine à croire, joignoit au physique le plus froid et le plus inhabile aux plaisirs de Vénus, l’imagination la plus érotique et le génie le plus ardent. Il n’avoit d’aptitude, de chaleur et de force pour la lutte amoureuse, qu’à proportion des coups de verge qu’il avoit reçus, et vous n’eussiez pu savoir lequel lui causoit le plus de volupté, ou de la volupté elle-même, ou de la douleur qui en étoit la source et l’agent: à moins que la juste proportion de la seconde ne le conduisit à la perfection des délices de la première. Il s’abaissoit jusqu’aux prières pour être frappé de verges qu’il avoit fait durcir, depuis la veille, dans du vinaigre. La rage qu’allumoient en lui les désirs, le portoit à accabler de reproches et d’injures celui qu’il avoit chargé de cet office, dès qu’il frappoit trop mollement, et lui faisoit remarquer comme imparfaite, infructueuse et nulle, toute séance qui n’étoit pas terminée par une effusion de sang. Cet homme est, je crois, le seul qui, également avide de plaisirs et de souffrances, ne savouroit l’un qu’au moyen de l’autre, et pour qui les plaies les déchirements et l’effusion de sang fussent et le prélude et le complément des titillations et de la jouissance. »

Othon Brunsfels(H) médecin célèbre, dans son Onomastic. Medic., rapporte l’anecdote suivante: de son temps vivoit à Munich, résidence des ducs de Bavière, un homme qui ne pouvoit s’acquitter envers sa femme du devoir conjugal s’il n’étoit pas auparavant fustigé à toute outrance.

Un fait qui s’est passé sous nos yeux tout récemment et à Lubeck même, vient à l’appui de ce que j’ai déjà raconté.

Un citoyen de cette ville, marchand de beurre et de fromage, demeurant sur la place des moulins, fut, entre autres crimes dont on le chargeoit, accusé d’adultère, dénoncé aux magistrats et le procès fait, condamné au bannissement. Une fille de joie avec laquelle cet homme avoit depuis longtemps un commerce libertinage, traduite devant les sénateurs chargés de la justice criminelle et qu’on nomme die Gerichts herren, avoua qu’il n’avoit jamais été habile à consommer l’acte de la génération, sans être auparavant fustigé, et qu’après une première course, il lui étoit impossible d’aller plus loin, si elle ne réitéroit l’opération douloureuse et salutaire en doublant la dose[13]. Le coupable nia d’abord le fait; mais pressé par des interrogatoires fréquents et sévères, il fut contraint de tout avouer. J’ai pour garants de la vérité de cette anecdote, les juges eux-mêmes, Thomas Storning et Adrien Moller, mes amis, et qui, comme vous le savez, vivent encore. Il y a très peu de temps qu’une personne occupant une des premières places à Amsterdam, fut accusée d’avoir une liaison de débauche avec une fille que pourtant il ne pouvoit exploiter sans avoir été préalablement excité par une ample flagellation. L’affaire ayant été portée devant les tribunaux, la perte de son emploi fut le châtiment de sa lubricité, et longtemps après son aventure, il étoit encore la fable de la ville.

Ainsi, vous ne voudrez, ni ne pourrez, je crois, vous refuser à l’évidence des preuves dont je m’environne pour vous persuader. Tâchons donc de rendre raison, s’il est possible, d’une chose qui paroît, au premier coup d’œil, si extraordinaire.

Si vous consultez les astrologues, ils allégueront l’influence des astres, et diront qu’une puissance occulte et particulière du ciel, est l’unique cause de cette manie aussi extraordinaire que dépravée de certains êtres. Ils vous diront sans doute, avec Pic de la Mirandole, que la planète de Vénus présidant à la conception de l’homme a été croisée et pour ainsi dire frappée par les rayons opposés d’un autre astre, dont elle a contracté la malignité.

Francisc. Junctinus(I)[14] fait sur cela un très long commentaire; mais le ciel et les astres étant des causes universelles, et ne pouvant produire dans tel ou tel autre individu des effets si particuliers, Pic de la Mirandole les rejette avec raison et cherche une cause plus immédiate. Il attribue donc le goût dépravé de son ami à une longue habitude, et continue ainsi son histoire:

« Lui demandant l’origine d’une passion aussi inouïe, il me répondit qu’il la devoit à un enfant. Ce début piquant de plus en plus ma curiosité, sur les instances réitérées que je lui fis, pour qu’il m’en développât davantage les causes principales et accessoires, il ajouta qu’il avoit passé ses premières années de collège avec des enfants très débauchés, parmi lesquels le plaisir de se fouetter étoit très commun et qui attachoient un certain prix à se rendre réciproquement ce service qui prostituoit leur pudeur. »

Coelius est du même avis que Pic de la Mirandole, dont il n’a fait que copier l’anecdote, en adoptant son opinion sur les causes de cet étrange dérèglement.

« Ce qui n’est pas moins surprenant, ajoute ce dernier, c’est que cet homme connaissoit toute la turpitude de cette habitude infâme et bizarre, la détestoit sincèrement et la réprouvoit avec toute la sévérité d’un juge inflexible; mais la force de l’habitude l’emportant sur sa raison, il se livroit à son invincible penchant, dans l’instant même qu’il le condamnoit. Cette habitude s’étoit invétérée et avoit jeté des racines d’autant plus profondes, qu’elle avoit été contractée dès l’âge le plus tendre, et s’étoit considérablement accrue par les charmes du plaisir qu’il avoit trouvé à se fouetter, dans le commerce criminel de ses camarades. Exemple frappant de l’importance de l’éducation, qui montre combien elle est précieuse et combien elle décide de nos mœurs et de notre condition, pour le reste de la vie. »

J’avoue, lui dis-je, que l’habitude est si puissante qu’elle devient, pour ainsi dire, une seconde nature. Aristote[15] l’a dit, et Ennius après lui l’a répété dans ces termes:

« Un long usage devient coutume; cette coutume s’accroît par les réflexions, devient habitude, et cette habitude, par succession de temps, devient enfin pour les hommes une seconde nature. »

Galien, (dans son traité de l’habitude, chap. 2 et 3), a démontré avec beaucoup d’élégance, avec quelle force et quelle tyrannie l’habitude maîtrise toutes nos actions en l’appelant une seconde nature[16]. Peut-être aussi que, dans le fait mentionné dans Coelius et Pic de la Mirandole, l’habitude a pu, par succession de temps, faire beaucoup à la chose; mais il n’en est pas de même des hommes de Munich et de Lubeck, cités par Brunsfels et moi. Pourquoi, dit Campanella, qui a déjà parlé plus haut, l’ami de Pic de la Mirandole est-il le seul des compagnons de ses premières fredaines, qui en ait conservé le souvenir et la dangereuse habitude, et pourquoi ceux-ci n’ont-ils pas la même ardeur que lui pour la fustigation?

Les effets et les vices d’une habitude quelconque sont uniformes et doivent être particuliers à chacun des individus qui l’ont adoptée. Il n’est pas vraisemblable que ceux dont nous avons parlé, se soient ainsi prostitués dès leur première enfance, en cherchant à se faire une faible image des plaisirs qu’ils ne connaissoient pas, par des flagellations réciproques.

Je félicite au contraire notre vertueuse Allemagne d’ignorer ces raffinements honteux de la débauche, ces pollutions, ces attouchements impurs et scandaleux entre les enfants d’un même sexe; ou quand, par hasard, quelqu’un s’en est rendu coupable (si tant est qu’on en puisse citer un exemple) d’en punir sévèrement les auteurs et en effacer l’opprobre au milieu des flammes. Quintilien, dans sa déclamation pour le soldat Marianus dont un tribun avoit voulu faire son Ganymède, s’exprimoit ainsi jadis, en parlant de nos ancêtres: « Les Germains ne connaissent pas même le nom de ce crime abominable, et l’on vit plus saintement sur les bords de l’Océan[17]. » Nous en avons parlé plus amplement dans nos commentaires sur le serment d’Hyppocrate, (chap. 19).

L’influence des planètes et celle de l’habitude n’étant point capables de donner à la flagellation la vertu d’exciter à l’amour, voyons enfin à lui chercher une autre cause plus directe et plus naturelle: il faut donc pour cela reprendre les choses de plus haut, et remarquer premièrement que cette flagellation ne se fait que sur le dos; vérité dont la déposition de la courtisane de Lubeck et autres ne permettent pas de douter; les parties génitales de l’homme étant de nature par leur délicatesse et leur extrême sensibilité, à ne pouvoir endurer des coups de verges, et à plus forte raison jusqu’à l’effusion de sang. C’est donc ordinairement sur le dos que se fait cette opération.

Les lombes occupent la plus grande partie du dos. Cette partie a pour base cinq vertèbres qui, placées au-dessous de celles de la poitrine, se prolongent et aboutissent à l’os sacrum. Elles sont couvertes au dehors de muscles et d’une peau épaisse et grasse, et au dedans des muscles qui l’enveloppent et forment sa partie haute, nommés par les Grecs psoas, d’un muscle de même nom, et par les latins pulpa (de palpare). Ils soutiennent les reins de droite et de gauche, remplissent, par leur étendue, l’espace de quatre vertèbres et se joignent à la veine cave et à la grande artère. De la veine cave et de la grande artère, les reins[18] reçoivent les grands vases, qu’on nomme émulgents, spermatiques ou lombaires. Il y en a un de chaque côté. Viennent ensuite la veine et l’artère dont les ramifications s’étendent sur toute la substance de ces vases. À droite de la veine cave et sous l’émulgente, la veine droite séminaire prend naissance, et l’artère séminaire qui, partant de la grande artère, descend dans le testicule droit. À gauche, l’artère séminaire descendant du tronc de la grande artère, et la veine séminaire de la veine gauche émulgente, se rendent dans le testicule gauche. Ces parties sont composées d’une infinité de nerfs qui prennent leur source dans la mœlle de l’épine, et par lesquels les sucs contenus dans les vertèbres sont filtrés dans les reins dont ils pénètrent non seulement l’enveloppe, mais encore la substance. De la cavité des reins, les canaux uretères se prolongent jusqu’à la vessie à laquelle ils sont attachés.

Toutes ces parties ayant la même tâche à remplir dans l’acte de la génération, on les a désignées sous la dénomination de lombes, et c’est le sentiment de Marsilio Cagnati(K), (livre 4, chapitre 7 de ses diverses leçons). Les auteurs ont fait d’assez exactes recherches sur les fonctions assignées à chacune de ces parties, savoir les os, les muscles, les reins et les vases, et tous sont d’accord. Cagnati[19] dit qu’elles concourent, chacune selon son emploi, à élaborer la semence et perfectionner l’ouvrage de la génération, suivant les lois immuables de la nature, Jérôme Montuus[20] et André Tiraqueau, le plus célèbre de vos jurisconsultes, (livre 15, de son traité de la loi des mariages, art. 40, 41 et 42), sont du même avis après l’examen le plus scrupuleux de cet objet. Consultez l’Écriture sainte, toute l’antiquité, les auteurs sacrés et profanes, tous n’ont qu’une voix sur la destination des lombes, des reins et des flancs. Plusieurs passages de l’Écriture sainte nous prouvent que les lombes sont les instruments de la génération. On lit dans la Génèse, (chap. 35, verset XI): « des rois sortiront de vos lombes ». Dans l’épître de St. Paul aux Hébreux, (chap. 7, vers. 5): « vous êtes les enfants d’Abraham et sortis de ses lombes », et (verset 10): « Lévi sortit du même endroit ».

Basile le grand, (dans son commentaire sur Ésaïe, chap. XVI), dit que dans plusieurs passages de l’Écriture, l’expression de lombes est employée pour désigner les membres servant à la génération.

Origène(L), (Homélie I), commentant le verset 109, psaume 37: « mes lombes sont remplis d’illusions », l’explique ainsi:

Les lombes étant les réservoirs de la semence, le psalmiste indique la nature du péché, en se servant du nom de la partie qui sert à le commettre. L’expression de ceindre ses reins étoit passée en proverbe chez les Hébreux, pour signifier la continence et l’éloignement des voluptés charnelles. Jehovah, livre de Job[21] dit en y faisant allusion: « Ceins tes reins comme un homme courageux », c’est-à-dire réprime la luxure en homme courageux.

Isidore(M) (livre XI, chap. I de ses Origines), dit qu’il faut l’interpréter ainsi: que le moyen de résister et le préservatif contre la luxure doit être appliqué aux parties dont la rébellion et la complexion brûlante nous portent à ce crime. Voyez Suidas, au mot Psoa.

Saint Jérôme (dans son commentaire sur Nahum, chap. II, v. I), parle ainsi: « Regarde ton chemin, affermis tes lombes et arme-toi de courage ».

Saint Mathieu, (chap. 3, vers. 4), dit en parlant de St.-Jean-Baptiste: « Il portoit une ceinture de peau autour des reins ». St. Grégoire de Nazianze, (discours 42), et Nicétas (dans ses commentaires sur idem), nous disent la même chose. C’est aussi dans le même sens qu’il faut interpréter Esaïe[22], Jérémie[23], St. Paul[24] et Salomon qui dit en parlant de la femme forte et chaste: « elle a ceint ses lombes de courage »[25]. St.-Pierre[26] dit « ceindre les reins de son âme », ce que Montuus, déjà cité, traduit par « écarter de son âme toute pensée impure et lascive. » Si je ne me trompe, les Romains ont fait allusion à ces allégories, lorsqu’ils ont dit, être ceint, porter la ceinture, pour désigner la sagesse, la modestie et la pureté virginale, et délier sa ceinture, pour être, au contraire, l’emblème de la dissolution des mœurs, comme je l’ai plus amplement décrit dans la vie de Moecènes.

On observe encore aujourd’hui dans les Gaules l’usage de ceindre d’un ruban, cordon ou écharpe de soie, ceux à qui l’on décerne le triomphe littéraire, et qu’ils portent comme un monument glorieux des talents qui les distinguent du vulgaire. Ce qui, selon François Ranchin[27], dénote surtout dans les médecins, la nécessité d’être chaste. La ceinture annonce la contraction des reins, leur inaction, et partant la sagesse qui réprime la rébellion et l’effervescence des lombes qui nous portent à la débauche. C’est ce qui a fait croire aux anciens que Diane, déesse de la chasteté, portoit toujours une ceinture. La délier étoit chez eux le premier effet du mariage, et annonçoit la désertion de la fleur virginale[28] et cette commission étoit donnée à l’époux.

La ceinture ayant de tout temps été l’emblème de la virginité, une femme ne doit plus la porter. Nos élégantes et nos impures nous en imposent donc bien effrontément, en ceignant leurs tailles, même à 40 ans, d’un large ruban bleu, noir, aurore ou coquelicot. C’est ainsi que la manie des modes nous fait perdre de vue, lors même qu’elle conserve celles que nous avons reçues des anciens, leur sagesse qui cachoit toujours des maximes de morale et des emblèmes de vertu dans tout ce qu’ils adoptoient, pour tous les détails qui ont rapport à la vie et au vêtement.

Aëtius(N)[29] dit[30] que les plaisirs du mariage sont funestes à ceux qui ont les reins ou les lombes faibles, et nommés pour cela Elumbes, c’est-à-dire éreinté, érené.

Eustathe a fait passer ce mot en proverbe, en disant efflanqué comme un âne de Mysie. Elumbis, qui se erigere non potest. En italien, dilumbato; en espagnol, flaco; en anglais, he that hath feble loynes. Hadrianus Junius, (cent. 6 ad. 48), donne le nom d’âne de Mysie aux éreintés; ce qui a fait dire à Pétronne que les personnes ruinées par leurs fréquents sacrifices à Vénus, ont les reins lâches, c’est-à-dire sans ceinture. « Encolpe, dit-il, avoit publié partout qu’il avoit la goutte et les reins de la plus grande faiblesse. » Catulle, (épigramme XVI), parle de ceux qui ne peuvent donner un mouvement souple et facile à leurs lombes endurcis. Et Martial, au contraire, (livre 5, épigramme 79), dit: « donner à ses lombes souples et lascifs un tremblement voluptueux. »

L’auteur anonyme de l’épigramme XVIII du Priapeia, s’exprime ainsi: « Quand la courtisane Téléthuse agitera-t-elle voluptueusement sur toi ses reins souples et lubriques? »

Le mot fluctuare peint le mouvement d’oscillation et la manière de s’agiter et de se soulever de bas en haut, comme les flots, en grec, ricnoustai, en latin crissare[31].

C’est de là qu’on a donné le nom de ricnoma à une sorte de danse grecque fort lascive[32]. Telle est de nos jours celle que nous appelons la bergamasque, qui ne se danse que sur les théâtres, ou par des personnes masquées. Juvénal paroît y faire allusion, lorsqu’il parle, (satyre 2), des jeunes Romaines, dont on applaudissoit l’adresse à se laisser doucement aller à terre, en agitant leurs fesses avec un tremblement voluptueux.

Arnobe, (livre 2): « Une troupe lubrique formoit des danses dissolues, sautoit en désordre et chantoit, tournoit en dansant et à certaine mesure, soulevant les cuisses et les reins, donnoit à leurs fesses et à leurs lombes un mouvement de rotation qui auroit embrasé le spectateur le plus froid[33]. » Voyez dans les Lettres grecques celle qui est intitulée, Megara à Bacchides sur la Thryallide.

Perse fait allusion à cette danse, lorsqu’il dit des vers licencieux qui remplissent l’esprit de l’auditeur des idées les plus voluptueuses:

« Qu’il fait beau voir là nos grands de Rome s’agiter de lascive manière, et murmurer d’une voix tremblante, lorsque ces vers libidineux pénètrent jusqu’au siège des plaisirs (les lombes) et qu’une molle prononciation chatouille leurs sens ! »

Juvénal, (satyre 6, vers 314), dit, en parlant des flûtes des prêtresses de la bonne déesse:

« On sait à présent ce qui se passe aux mystères de la bonne déesse, quand la flûte agite ces ménades, et fait trembloter voluptueusement leurs reins; lorsqu’également ivres de sons et de vin, elles laissent voler leurs cheveux en tourbillons et invoquent Priape à grands cris. »

Isidore prétend que mot lombe, lumbus, vient de libido, désir, parce que c’est dans les lombes que résident chez les hommes la cause de leurs désirs et l’aiguillon de la volupté.

Nicolas Perrot, dans son ouvrage intitulé Cornucopia(O) leur donne la même étymologie. Il fait dériver lumbi de lubendo, en intercalant une lettre, comme on le pratique assez ordinairement: ainsi de cubo on fait cumbo; de pago, pango; de grago, frango, etc. Voyez le savant Matth. Martinius, dans son lexicon etymologicum.

Les lombes et les reins qui en forment la plus grande partie ont tous deux les mêmes fonctions, pour peu que vous fassiez attention à leur conformation. On voit dans le livre des Rois, (ch. 7 v. 12), qu’ils servent à la génération. « Le fils qui est sorti de tes reins. »

Tertullien(P) dans son traité de la résurrection de la chair, nomme les reins « les réservoirs de la semence ».

Le prêtre Hésychius (ou autrement dit, par corruption, Isicius) dans ses commentaires sur le Lévitique, (liv. I), dit que les reins sont les dispensateurs de la liqueur séminale dans le coït; et plus loin: « c’est dans les reins que se forment et se conservent les fluides destinés il la génération. »

St.-Augustin, (psaume 7, v. 2), dit que par les reins, on entend les plaisirs de l’amour.

St. Jérôme commentant Nahum, dit que tout ce qui a rapport au coït émane du ministère des reins, et répète à peu près la même chose (dans son commentaire sur Ézéchiel, chap. 16).

On lit dans Jérémie[34] et dans l’Apocalypse[35], « sondant les reins et les cœurs »: ce que Nicolas de Lyre(Q) explique par, examinant et punissant nos concupiscences et nos mauvaises pensées, l’Écriture sainte désignant par le cœur, nos pensées, et par les reins, les mouvements de la chair. C’est par cette raison que David[36] prie le Seigneur de brûler ses reins et son cœur, expression adoptée par l’Église dans ce passage d’un hymne:

« Brûlez nos reins et nos cœurs, ô mon Dieu, du feu de l’Esprit saint, afin que nous vous servions purs et chastes de corps et de cœur, et que nous nous rendions dignes de votre amour par l’innocence de notre vie. »

On voit dans l’Exode (XII, v. 2), qu’il étoit prescrit aux Israélites qui mangeoient l’agneau pascal, de ceindre leurs reins, et tous les théologiens s’accordent à entendre par là qu’ils devoient se garder de toute action et pensée charnelle.

Ausonne, (épigramme 13), dit, « se servir de ses reins », pour se livrer à la volupté: « Sers-toi de tes reins. » On dit chez nous, en badinant, que ceux qui sacrifient à la déesse de Cythère, purgent leurs reins.

Hyppocrate, (dans son traité des maladies internes), Aristote (dans ses problèmes[37]), Galien[38], Aëtius[39], dans Tétrabiblos, Avicennes[40](R), et quantité d’autres médecins, nous apprennent que les jouissances trop fréquentes ruinent les reins; ce qui a fait dire à Fulgence(S) dans sa mythologie[41] que les reins sont consacrés à Vénus.

Fulgence, (liv. 5 de sa mythologie), dit dans la fable de Thétis et Pelée, d’après la physiologie de Démocrite, que les payens avoient consacré chaque partie de notre corps à une divinité particulière: la tête à Jupiter, les bras à Junon, les yeux à Minerve, la poitrine à Neptune, la ceinture à Mars, les reins à Vénus, et les pieds à Mercure[42].

Varron, celui des Romains qui avoit le plus d’érudition, au jugement de Quintilien[43], si vous voulez remonter à la source pour trouver la véritable étymologie du mot, fait dériver Renes du grec Upo tou rein, c’est-à-dire « ruisseaux d’où coule l’humeur obscène », nom qu’il donne au fluide séminal, ne vous y trompez pas, si nous devons en croire Isidore[44] et Lactance[45]. Il ne faut donc pas entendre par humeur obscène, cette sérosité saline contenue dans la vessie, ainsi que plusieurs l’ont cru. Isidore expliquant Varron, dit que les veines et la mœlle de l’épine, filtrent dans les reins une liqueur claire et subtile qui, détachée et provoquée par la chaleur que communique l’acte vénérien, descend des reins dans les testicules, et personne ne peut, avec un peu de bon sens, imaginer qu’il s’agisse ici de l’urine.

Les Hébreux, par le mot reins, désignant la concupiscence, emploient deux mots qui signifient en français désirer ardemment. Les reins étant situés dans les lombes, vers les parties latérales de la région supérieure du bas-ventre, on les a cru nécessaires à la génération.

Dans Ovide, (livre I des amours, Élégie XII), la plus chaste des femmes, ou du moins qui passoit pour telle, voulant éprouver la vigueur de ses prétendants, leur montre un arc et leur ordonne d’essayer de le bander.

« Pénélope éprouvoit la force de ses amants en les défiant de bander un arc de corne, afin de voir celui d’entr’eux qui avoit les reins les plus forts. »

Pénélope le dit elle-même, dans l’épigramme 69 du Priapeia, où le poète la fait parler ainsi à ses galants assemblés.

« Personne ne bandoit mieux que mon cher Ulysse, l’arc que je vous présente, soit l’effet de la force des reins (laterum) ou de l’adresse. Puisque je l’ai perdu, essayez de le bander, et celui que je trouverai vraiment homme, mâle et vigoureux et digne de le remplacer, sera mon époux. »

Martial, (liv.VII, épig. 57), dit: essayer ses reins, pour éprouver ses forces aux combats de Vénus.

Ovide, (liv. II, élégie 10 des amours), dit: « donner de la force aux reins » pour « exciter à la volupté ».

« La volupté donnera à mes reins tout ce qui peut ranimer mes forces. »

Apulée, (livre VIII), appelle industrie, souplesse des reins, l’avantage précieux d’une vigoureuse construction, pour la lutte amoureuse. Parlant des débauches des prêtres de la déesse Syrienne, « ils amènent, dit-il, souper avec eux, un paysan d’une taille et d’une force de reins extraordinaires. »

Juvénal et Ovide disent: ménager ses reins, s’abstenir des plaisirs de l’amour. Le premier, (sat. VI), dit en parlant d’un Catamite[46]:

« Que ne laisses-tu dormir auprès de toi cet enfant soumis, paisible et désintéressé, cet enfant qui jamais ne te reproche d’avoir ménagé tes flancs, et de ne pas le caresser autant qu’il le désireroit. »

Et le second, (livre II, de l’art d’aimer):

« Ne ménagez pas vos flancs, c’est d’eux que dépendent la fidélité de votre maîtresse, la paix et le bonheur de vos amours. »

Martial, (livre XI, épigramme 105), emploie l’expression de « rompre ses reins », pour fournir trop souvent la carrière amoureuse.

« Et tu prolonges jusqu’au grand jour les transports libidineux qui épuisent et rompent tes reins. »

Et plus loin, (Livre XIII, épig. 99):

« Bassus, tu te romps les reins, mais avec des jeunes gens bien fournis de poils. »

Tibulle ou quelqu’autre auteur, dans ses Iambes à Priape, s’exprime ainsi:

Dans mes vaisseaux enflés, la liqueur prolifique
Trop longtemps ménagée, irrite mes transports,
Et rien ne peut calmer ma fureur érotique
Que la tendre Vénus, secondant mes efforts,
Sur le sein d’une belle amoureuse et lubrique,
N’ait, en brisant mes reins, dégagé leurs ressorts.

Pétronne, (dans sa satyre), dit, arracher les flancs:

Je craignais que Giton ne m’arrachât les flancs.

Il donne en plusieurs endroits, aux flancs de ceux qui se sont ruiné le tempérament, les épithètes de fatigués, invalides, épuisés, desséchés et morts.

Ovide, (livre III, des amours, Élégie X), dit:

« J’ai vu sortir de chez vous, votre adultère épuisé, traînant à peine ses flancs desséchés et sans vie. »

Catulle, (Épigramme 7):

« Pourquoi ne nous montres-tu pas tes flancs épuisés. »

Priape, s’exprime ainsi, (Épigr. 25 du Priapeia), déjà cité:

« Vous voyez comme je suis arrangé et dans quel état déplorable la débauche m’a conduit. Je suis absolument ruiné, pâle et décharné. Mes flancs sont entièrement épuisés, une toux affreuse m’arrache la poitrine et je crains de cracher ma vie avec cette salive dangereuse. »

Suétone, dans la vie de Caligula, (chap. 37), dit que Catulle, jeune homme de maison consulaire, reprocha à ce monstre de lubricité « d’avoir assouvi sur lui sa brutale passion et de lui avoir épuisé les reins par ses criminels embrassements. »

Dans Apulée, (livre VIII), le jeune homme qui servoit aux plaisirs infâmes de la déesse Syrienne, dit à l’âne qui venoit le remplacer dans cette fonction:

« Puisses-tu vivre longtemps, plaire à tes nouveaux maîtres, et me donner le temps de réparer mes forces et mes reins qu’ils ont épuisés. »

Tous les passages que j’ai déjà cités rendent la chose aussi claire que les rayons du soleil dans un beau jour d’été, pour me servir ici des expressions de Plaute.

Nous ne pouvons donc regarder comme nouvelle et suspecte, une opinion adoptée et conservée par le suffrage unanime de toute l’antiquité et le témoignage des saintes Écritures, que les lombes, les parties voisines, et les reins sont les instruments de la génération. Or une chose généralement reconnue et avouée des savants, comme disent vos jurisconsultes, mon cher Cassius, ne peut être absolument fausse. Il n’y a de probable, dit Aristote, (liv. I de ses topiques, chap. I, texte 7), que ce qui paroît tel à tout le monde ou au plus grand nombre, et surtout, à ceux dont on connoît la prudence et le génie, et qui se sont illustrés par les profondes connaissances. Il est donc important d’en chercher la raison avec la plus scrupuleuse attention, et d’établir, quand nous l’aurons trouvée, comment les coups de verges appliqués sur le dos ou sur les lombes, subtilisent, embrasent les esprits et nous rendent habiles à savourer les délices de la jouissance[47].

Marsilius Cagnatus et Montuus attribuent tout aux lombes, puisqu’ils sont composés des parties ci-devant détaillées, c’est-à-dire, des vertèbres, des muscles, des reins, des veines, des artères et des nerfs, en donnant néanmoins le premier rang aux veines et aux artères spermatiques qui fournissent la matière de la semence, contiennent le fluide qui commence à blanchir et à s’épaissir, est déjà sperme, ou va le devenir, et de là le transmettent dans les testicules. Ce fluide étant trop abondant dans les veines et les artères, s’y trouvant gêné, et cherchant à se répandre au-dehors, excite des picotements agréables, le prurit vénérien, des irritations, le besoin de s’en décharger et des pollutions nocturnes, surtout chez les personnes qui, se couchant sur le dos, communiquent trop de chaleur aux parties génitales. Barth, Montagnana[48], le philosophe Nemesius(T)[49], Joh. Matthæus[50], Garyopontus, médecin latin moderne[51], et Sennert(U)[52], notre professeur et notre ami, homme respectable, lorsqu’il vivoit, Pierre Lauremberg, (in Procestriis annotat. anat. Lib I cap. IV), et enfin Gaspard Hoffmann, disent tous la même chose, quoiqu’ils ne s’expliquent pas de la même manière.

B. Montagnana, dit en examinant un passage d’Avicenne[53], qu’il faut remarquer pourquoi ce médecin attribue l’impuissance à la faiblesse des reins; et après avoir dit que la matière séminale acquéroit le dernier degré de perfection, en raison du degré de chaleur et de force répandues dans les testicules, il ajoute qu’elle doit nécessairement être préparée dans les régions supérieures, dans les parties où la digestion se fait le plus promptement, comme dans le foie et les reins, et par conséquent ou plus éloignée ou plus rapprochée, suivant la constitution de chaque individu. Il conclut enfin qu’il est impossible que la véritable semence se forme et acquière toutes les qualités requises, si les parties où elle doit s’élaborer, c’est-à-dire le foie et les reins, sont vicieuses, mal organisées et n’ont pas entre elles un ordre et une connexion uniformes.

Nemesius croit que les reins n’épanchent dans les testicules qu’une sérosité saline qui n’excite seulement dans ces parties que le prurit et la chaleur du désir, et remplissent ainsi leur ministère dans l’acte de la génération. « Les reins, dit-il, servent à épurer le sang, et ne sont dans le coït qu’une cause irritante et secondaire. » Les veines qui se rendent dans les didîmes, puisent dans les reins un acide qui irrite le désir, de même que les humeurs âcres qui se glissent entre cuir et chair, y causent des démangeaisons. L’enveloppe de ces corps glanduleux étant plus tendre et plus délicate que la peau du reste du corps, cet acide irrite et aiguillonne plus vivement les organes de la volupté, et c’est cette âcreté mordicante qui procure les pensées lascives, provoque la fureur amoureuse et opère l’éjaculation de la semence. Voilà mot pour mot ce que dit Isidore ci-dessus cité, et Joh. Matthæus ne diffère de lui, qu’en ce qu’il attribue plus de faculté au rein gauche qu’au droit: « la veine gauche séminaire, dit-il, étant placée avec l’émulgente, près du rein gauche, fournit un sang mêlé d’une substance aqueuse et salée, qui occasionne le prurit, et sert de stimulant à la jouissance. »

Lauremberg donne aux reins l’emploi de la génération, et ne s’explique pas autrement que Garyopontus.

Il définit les reins un tissu de muscles et de nerfs étroitement liés aux corps caverneux qui contiennent une liqueur séminale. Il leur attribue l’opération de la spermatose, et croit que c’est en eux que le fluide régénérateur est contenu et élaboré. C’est aussi l’opinion de Sennert, quoiqu’il en donne une toute autre raison, en s’expliquant plus clairement et d’une manière qui approche plus de la vérité anatomique que celle de Garyopontus, qui ne paroît pas la connaître beaucoup. Sennert dont l’exemple est suivi par Hoffmann, prétend que les reins ne servent pas seulement à communiquer une irritation voluptueuse aux parties de la génération, mais encore à perfectionner le fluide séminal et à le transmettre. Il infère de là, premièrement que les reins ont un parenchyme particulier, qui ne diffère pas beaucoup de la substance du cœur et du foie, et c’est aussi le sentiment d’Arétée[54].

On ne peut refuser à ce parenchyme particulier la faculté que lui donne Gallien[55] d’élaborer le sang, faculté qui lui est commune avec le parenchyme de tous les autres vaisseaux. Kariesatos et Jean Beverovicius, (chap. 2 de son livre sur la pierre de la vessie), l’ont démontré d’une manière évidente. La veine émulgente étant la plus considérable de celles qui prennent naissance dans la veine cave, et voiturant dans les reins plus de sang qu’il n’en faut pour les alimenter, et l’artère étant aussi trop grande pour filtrer et dépurer les sérosités, il est vraisemblable que la nature qui ne fait rien sans dessein, n’a donné tant de capacité à ces vases, que pour les faire concourir à ses vues, dans une opération particulière. Il conclut donc que cette opération n’a d’autre but que de porter dans les reins le sang des artères qui, se mêlant ensuite dans leur substance avec le sang des veines et y changeant de nature, forme la base de la composition de la semence qui descend ensuite dans les testicules. Ce qui confirme l’opinion de Sennert, c’est que des diverses conformations des reins et des vases dans lesquels la nature se plaît à créer des bizarreries pour s’amuser, il résulte qu’il y a des hommes plus amoureux les uns que les autres, et d’une complexion beaucoup plus vigoureuse. Salomon Albert et Jean Riolan[56] nous en offrent des exemples. Tous deux faisant la dissection d’un criminel, disent lui avoir trouvé trois émulgentes et les veines spermatiques dans chaque côté, qui sortoient des émulgentes. Sal. Albert infère de là que cette prodigieuse abondance de vaisseaux et de semence devoit nécessairement opérer chez cet homme l’insatiable salacité et les désirs sans cesse renaissants dont il se plaignoit encore quelques instants même avant son supplice. Riolan écrit que le sien fut pendu pour trigamie, parce que son trop plein d’existence et de force l’avoit contraint à épouser trois femmes à la fois[57].

Philippe Salmuth ayant fait la dissection de deux hommes morts du mal vénérien, trouva que les reins du dernier étoient trois et même quatre fois plus grands que ceux des hommes ordinaires. Sennert demande ensuite, dans le cas où cette opinion seroit rejetée, d’où proviennent les sels volatils qui affectent l’odorat à l’approche de plusieurs animaux non châtrés, qui s’exhalent de toutes les parties de leur corps, mais dont la perception est beaucoup plus sensible dans les reins et surtout des adultes, ce qui rie se rencontre pas dans les individus de l’âge le plus tendre, ou qui n’ont pas encore été accouplés. Il ajoute encore, d’après Oribase[58], que la surabondance de liqueur séminale trop longtemps retenue dans les vaisseaux nuit aux reins; que les médecins regardent comme la preuve de l’excessive chaleur de ces parties, le penchant au libertinage, les songes lascifs et les pollutions nocturnes qui en sont le résultat. Les physiciens disent de plus que la qualité de la semence dépend de la constitution des reins. De même qu’une érection fréquente marque la chaleur des reins, de même une longue continence et l’éloignement des plaisirs de l’amour désignent leur température glacée.

Alex. Trallien[59] et Arétée[60] nous apprennent que dans la gonorrhée simple, on diminue la force et la quantité du fluide séminal, en appliquant des remèdes qui ont cette vertu, sur les lombes, vers la région des reins.

Pline[61] vient encore à l’appui de Sennert, et dit que des lames de plomb attachées sur les lombes et les reins, tempèrent par leur fraîcheur les transports de la passion amoureuse, et il cite à ce sujet l’exemple de l’orateur Licinius Calvus qui se servit avec succès de ce remède pour arrêter un flux involontaire de semence.

Galien[62] rapporte que les athlètes ceignoient pareillement leurs reins de ces lames de plomb, pour empêcher les pollutions nocturnes et amortir les feux de l’amour; il ne trouve pas de meilleur remède au priapisme qu’un emplâtre d’huile rosat épaissi avec de l’eau froide et appliqué sur les lombes.

Coelius Aurelianus[63] outre les lames de plomb, ordonne des éponges imbibées à froid avec le marc de raisin.

Aëce[64] et Théodore Priscien[65] recommandent non seulement l’application des lames de plomb sur les lombes et les rafraîchissants, mais encore défendent de se coucher sur le dos, pour ne pas augmenter le mal, par l’extrême chaleur que cette position communique à ces parties.

Oribase(V)[66] et Paul Eginæte[67] sont du même avis. Ce dernier défend même dans la gonorrhée simple, tout médicament qui provoque les urines comme très nuisible aux reins qui sont placés dans la région des lombes.

Avicenne[68] l’a prouvé, et cite entre autres symptômes de l’épuisement et de la défection des reins, le défaut d’érection dans le coït. Il donne pour cause de la faiblesse de ces parties, la trop fréquente émission des molécules organiques, et nous apprend[69] que le seul moyen de leur rendre toute leur vigueur, est l’abstinence des plaisirs qui les en ont privées.

Aaron, médecin célèbre, cité par Rhasès[70] dit aussi qu’il faut attribuer le défaut d’érection, au foie et aux reins.

Aristote[71] dit, qu’excepté l’homme, aucun des animaux n’est sujet au flux involontaire de la semence, parce qu’ils ne se couchent point sur le dos.

On en excepte pourtant les chevaux de course dont les lombes et les reins échauffés par le mouvement que leur communique le cavalier, les rendent plus enclins à l’acte vénérien. Voilà l’origine de la coutume qu’observoient les dames d’Athènes, pendant les Thesmophories[72] d’éviter les caresses de leurs époux, et de coucher seules.

Ovide en parle ainsi, (livre II de ses métamorphoses, fable IX): « Elles mettoient au nombre des choses défendues les plaisirs de l’amour, et les attouchements des hommes dont elles se sevroient pendant neuf jours. »

Elles dressoient leurs lits avec les branches et les feuilles de l’agnus-castus[73]. Le Vitex est un arbrisseau dont l’odeur combat les pensées amoureuses et écarte les songes lascifs. C’est pourquoi elles jonchoient leurs couches solitaires, des feuilles de cet arbrisseau, pour altérer la force et la chaleur du fluide séminal, rafraîchir leurs reins et les parties voisines, et émousser les aiguillons de l’amour. Voyez à ce sujet Dioscoride[74], Pline[75], Aelien[76] et Galien[77].

On emploie aussi pour donner la vigueur nécessaire aux exercices de Vénus, les reins de certains animaux, et principalement du bouc.

Aëce, déjà cité, recommande l’usage de la chair du scinc-marin[78], prise de ses reins ou des environs, comme très propre à opérer l’érection de la verge. Peut-être est-ce une espèce d’analogie et une conformation semblable à ceux de l’homme, qui a fait attribuer aux reins de cet animal la propriété de les aider et de les exciter à remplir le devoir de la génération; de même que l’on ordonne à ceux qui sont inhabiles à s’en acquitter, entre autres médicaments, les frictions, les emplâtres chauds, non seulement sur les parties honteuses mais encore aux reins, les diurétiques violents, comme les cantharides, et le soin de se coucher sur le dos, pour maintenir la région des lombes dans un degré de chaleur nécessaire pour rappeler les forces languissantes, rendre la semence prolifique, et précipiter sa descente dans les testicules. Rhasès[79] dit que toutes les fois que l’on se frottera les reins avec des médicaments chauds, le membre viril augmentera de grosseur et de fermeté, et l’érection sera complète.

Misish, médecin arabe, (dans sa somme de Rhasès), dit aussi que le seul moyen de s’exciter aux plaisirs de l’amour est de donner beaucoup de chaleur au dos, comme celui de diminuer la fougue d’un tempérament lascif est, en prenant cette sage précaution en sens inverse, de l’en priver, en se couchant sur des feuilles froides. Nous concluons donc de tout ceci, que les lombes sont les premiers instruments de la génération, selon leur constitution et l’emploi que la nature leur a confié; et suivant Cagnati, les veines et les artères y portent la matière et les esprits; que le premier organe des reins est le parenchyme[80] où le fluide séminal commence à s’élaborer, à devenir prolifique et recevoir enfin dans les vases séminaires le degré de perfection qui lui est nécessaire: c’est l’opinion de Sennert et la nôtre. Il ne faut pourtant pas rejeter celle de Nemesius, d’Isidore, de Mattheus et de Lauremberg, qui prétendent qu’il se mêle à ce fluide une certaine sérosité saline, une humeur mordicante filtrée des reins dans les testicules, et dont l’effet est de causer le prurit vénérien et l’érection avec de violents désirs de la jouissance. Ce que le grammairien Papias a répété, sur leur autorité, dans son vocabulaire.

Nous avons, je crois, suffisamment prouvé que la flagellation sur le dos ou sur les lombes est du plus grand effet pour rendre la vigueur éteinte par les excès de la volupté, et vous ne devez plus être surpris que ces hommes que la débauche a mis au rang des bêtes, ces monstres épuisés de luxure, et victimes d’un honteux désordre, aient cherché dans l’opération douloureuse de la flagellation, un remède à l’épuisement, à la faiblesse de leurs reins, et à la perte totale de leurs forces, sans parler de ceux qui, moins coupables à la vérité, ne doivent ces accidents qu’à un trop violent amour pour une épouse, ou à un physique froid, vicieux et mal organisé. Il est probable que la flagellation donne aux parties relâchées et refroidies, une commotion violente, une irritation voluptueuse qui les embrase et se communique à la semence; ajoutez à cela que le sentiment aigu de la douleur des parties frappées, subtilise et précipite le sang avec plus d’abondance, attire les esprits, et fournissant aux parties de la génération une chaleur excessive, procure à l’homme libidineux qui cherchoit en vain le plaisir, le moyen de consommer l’acte de la génération, malgré la nature même, et de multiplier ses jouissances criminelles au-delà des bornes qu’elle a assignées à ses forces[81].

Voilà mon avis, mon cher Cassius; mais, direz-vous, cet expédient honteux n’est mis en usage que par les libertins dont vous m’avez parlé, afin que remédiant à l’extinction de leurs facultés, fruit de leurs excès de débauche, ils puissent les continuer, et se vautrer de plus belle dans la fange du crime. Je demande donc maintenant si cette fustigation ne devient pas un remède aussi innocent que quantité d’autres employés tous les jours, et si la conservation de l’espèce ne le rend pas non seulement excusable, mais même nécessaire, lorsqu’il s’agit d’un homme qui, voulant savourer les voluptés d’une jouissance permise, et se reproduire dans un second lui-même, n’éprouveroit avec une épouse aimable et tendrement aimée, que le désespoir de l’impuissance, et dont tous les efforts seroient vains pour consommer le mariage, par la faiblesse et le défaut de chaleur des parties que nous avons détaillées ci-dessus, et qui seroit précisément le coursier dont parle Virgile, (livre 3 de ses géorgiques):

Quand des ans ou des maux il sentira le poids,
Des travaux de l’amour dispense sa faiblesse;
Vénus ainsi que Mars demande la jeunesse.
Pour son corps dévoré d’un impuissant désir,
L’hymen est un tourment et non pas un plaisir,
Vieux athlète, son feu dès l’abord se consume:
Tel le chaume s’éteint au moment qu’il s’allume.[82]

De sorte qu’il ne pourroit, je ne dis pas s’acquitter totalement envers sa créancière, mais même payer la moitié de la dette. Pourquoi non, mon cher Cassius? Je sais que vous n’êtes aucunement dans le cas de recourir à un remède de cette nature, et je suis prêt à l’affirmer par serment et sous peine de privation des plaisirs de l’amour pendant la cinquantaine. Je sais depuis longtemps, comme votre médecin, et je ne me trompe pas, que vous êtes pourvu des plus brillantes qualités pour remplir les devoirs d’époux; les règles infaillibles de mon art, et la connaissance qu’il me donne de votre constitution physique, me permettent et me font même un devoir d’en juger. J’ai d’ailleurs pour garant de la vérité de mes conjectures, un témoin irrécusable et au-dessus de toute exception, qui depuis peu commence à se remuer dans les entrailles de votre douce et tendre moitié, et pour qui j’implore les faveurs de Lucine, au temps marqué pour son élargissement. Pour ce qui est de communiquer à d’autres le remède que je vous indique, s’il en est qui aient besoin du ministère d’un homme qui, d’un bras vigoureux, leur décharge sur le dos une ample provision de coups de verges, je ne le défends à personne, et ne leur envie pas ce plaisir. Non seulement ceux qui habitent le temple des Muses, comme on le dit ordinairement des savants, doivent être inaccessibles à la jalousie, mais plus encore les médecins.

L’envie, dit Scribonius Largus, (dans une lettre à C. Julius Callistus), est un crime affreux qui déshonore les hommes, et doit être en horreur à tout l’univers, et principalement aux médecins; car si leur âme n’étoit pas le séjour de l’humanité et de la tendre pitié, qui sont le premier devoir, la base et le but de leur profession, ils devroient être l’objet de la haine et du mépris des dieux et des hommes.

C’est uniquement pour vous être agréable, ô l’ami de mon cœur, et satisfaire
votre curiosité, que je me suis hasardé de traiter ce sujet et de vous dire
mon avis, un peu librement à la vérité. Quel que soit son sort,
tirez-en le meilleur parti possible, continuez-moi
l’amitié dont vous m’honorez, pardonnez à
ces plaisanteries innocentes, qui cepen-
dant conduisent à des réflexions
importantes et sérieuses,
et conservez précieu-
sement une santé
qui m’est aussi
chère que la
mienne.
🙖

Adieu.
 

 

Notice

Des auteurs cités dans l’Ouvrage de J. H. Meibomius, et que j’ai consultés pour corriger cette édition.

Festus. Titus et Asclépiade. Cœlins Aurelianus Rhrasès. Antoine Gaignier. Valescus de Tarente. Sénéque. Juste-Lipse. Jerôme Mercurialis. Galien. Thémison. Elidœus de Padoüe. Thomas Campanella. Menghus Faventicus. Pétrone. Jean Pic, Comte de la Mirandole. Jean Mévisan. Cœlius Rhodiginus. André Tiraqueau. Othon Brunsfeld. Fransciscus Junctinus. Aristote. Ennius. Quintilien. Hippocrate. Marsilio Cagnati. Jerôme Montuus. Origène. Isidore. Saint-Jérome. Arnobe. Suidas. Petrus. Laurembergius. Celse. Bodin. Brisson. antiquités du droit civil. St.-Mathieu. Jérémie. St.-Paul. Salomon. St.-Pierre. Fr. Ranchin. Aëtius. Catulle. Martial. Perse. Juvenal. Nicolas Perrot. Mathœus. Martinius. Tertullien. Hésychius ou Isicius. St.-Augustin. Nicolas de Lyre. David. Ausonne. Avicenne. Fulgence Varron. Lactance. Ovide. Apulée. Tibulle. Suétonne. Barthelemy Montagnana. Nemesius. Joh. Marthæus. Garyopontus. Sennert. Arétée. Oribase. Gaspar Hoffmann. Kariesatos. Jean Beverovicius. Jean Barclay. Pierre d’Etrlesunde. (anecdotes moscovites.) Béroalde. Prudence. (Histoire des martyrs.) Dempster. Cardan. Olhafius. Wormius. Actuarius. Nath. Highmorus. Papias, le grammairien. Aléxandre Trallien. Pline. Licinius Calvus. Thédoré Priscien. Paul Eginete. Aaron. Dioscuride. ÆIien. Misih. Virgile. Scribonizs Largus. Plaute.
 

Auteurs cités dans les notes du Traducteur.

Lucien et Perrot d’Ablancoùrt. Pérégrinus. Diogène. Racine. Sénnéque. Vossius. Horace. Le marquis de Langle. Ménage ét Furetière. M. l’abbé Chappe Auteroche. L’Abbé Boileau. Columella. Matthiole. Arnaud de Villeneuve, M. de Lignac. M. Lemery. Rabelais. Le Duchat (Ducatiana) Cornélius Gallus.

F I N.

 

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